
Julien Paluku Kahongya, ancien Gouverneur de la province du Nord-Kivu (2007-2019) dans l’Est de la République Démocratique du Congo, s’interroge sur ce qu’il qualifie de “silence coupable” de la communauté internationale face à “la folie meurtrière” du Président rwandais Paul Kagame perpétrée sur le territoire congolais. Il a fait savoir dans une interview accordée au confrère Blaise Zahinda du journal lengonyalengi.net le 31 Janvier 2025.
L’homme politique congolais et actuel ministre du commerce extérieur fait d’abord allusion au carnage des troupes du Mouvement du 23 Mars (M23) appuyées par l’armée rwandaise à Goma et dans d’autres zones sous leur occupation dans la province du Nord-Kivu depuis 2022.
« Après le génocide rwandais de 1994, l’un des plus grands carnages avec épuration ethnique s’est déroulé à Goma du 26 au 30 janvier 2025, lequel se poursuit par l’armée rwandaise qui a déployé plus de 10 000 hommes supplémentaires à partir du 25 janvier 2025. Les points d’entrée étaient la frontière rwandaise aux bornes 11, 12 et 13 puis par la petite barrière. A cet effet, des massacres sélectifs ont été organisés par l’armée rwandaise dans la ville de Goma comme ce fut le cas de l’épuration ethnique lors des massacres de Kishishe, Rugari, Ntamugenga, Jomba, Tongo, Kichanga, Kibirizi, Nyanzale et ailleurs dans les zones occupées. Aussi, des militaires congolais qui avaient des drapeaux blancs au port de Kituku et ailleurs dans la ville de Goma ont été tous massacrés les 27, 28 et 29 janvier 2025 par l’armée rwandaise en violation du droit international et du droit de la guerre », dénonce Julien Paluku.
L’ancien Gouverneur du Nord-Kivu parle d’un génocide le plus atroce du 21e siècle commis aux yeux de la communauté internationale.
« Jusqu’à quel degré de cruauté reconnaîtra-t-on le génocide commis par l’armée rwandaise en RDC ? Une enquête internationale n’est-elle toujours pas une nécessité ? La Monusco et le Comité International de la Croix Rouge (CICR) détiennent les images horribles à ce sujet. Les médias internationaux se taisent face aux horreurs du génocide le plus atroce du 21ème siècle sur les populations civiles, faisant de la guerre de la RDC, une guerre sans images et donc une guerre oubliée. », s’interroge-t-il.
Dans son discours à la nation sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, le Président Félix Tshisekedi est revenu également la nuit du 29 au 30 Janvier sur « le silence et l’inaction » de la communauté internationale face à la guerre commise sur le sol congolais par le régime de Kagame.
Selon plusieurs sources dans la région, la dernière expédition sanguinaire des troupes rwandaises a ciblé des civils (femmes et enfants) ainsi que des militaires bloquant tout couloir de sauvetage. « La ville est inondée des cadavres, sur toutes les artères principales et dans des avenues », a révélé un habitant de Goma au groupe de presse la Republique.net.
Julien Paluku Kahongya ne reste pas indifférent, il appelle lui à une “enquête indépendante” tout en responsabilisant le régime de Kagame, d’être derrière la guerre dans l’Est de la RDC pour la quête des minerais précieux.
« Le sang des congolais que verse le Président rwandais pour rebondir sur la scène internationale au motif de rechercher les FDLR [Forces démocratique pour la libération du Rwanda : ndlr] doit crier vengeance. Maintenant que l’armée Rwandaise est à Rutshuru, Masisi, Nyiragongo depuis 2022, elle n’a toujours pas attrapé les moindres FDLR recherchés ? Pendant la 2ème guerre, l’armée rwandaise a occupé l’Est de la RDC de 1998 à 2003, soit 5 ans sans interruption, au vu et au su de tout le monde. Depuis 2022, cela fait encore 3 ans d’occupation, soit 8 ans cumulés d’occupation Rwandaise. […] Pendant tout ce temps, le RWANDA n’a toujours pas attrapé les moindres FDLR dans un petit espace de moins de 10.000km² ? Pourquoi le monde entier se fait rouler par un homme (Paul Kagame) qui verse continuellement le sang à la dimension d’un fleuve sans qu’aucune âme n’en soit sensible ? Dix millions de morts, ce n’est pas assez? Plus de 500 mille femmes violées, ce n’est toujours pas interpellateur ? Le monde retiendra au contraire que c’est plutôt le pillage des minerais congolais (minerais du trois T et l’or) par le régime de Kigali qui se poursuit dans le Nord et Sud Kivu à travers différents sites miniers connus Rubaya, Numbi, Lueshe/Somikivu. Il suffit de voir actuellement l’explosion des statistiques d’exportation des minerais dits rwandais vers l’Occident pour vous en rendre compte. Et malheureusement les acheteurs finaux ne se rendent toujours pas compte qu’ils alimentent les conflits en RDC en contribuant aux minerais du sang… », révèle Julien Paluku Kahongya.
Asaph LITIMIRE
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