Depuis son apparition en RDC, le coronavirus (Covid-19) a eu des effets contrastés sur le petit commerce transfrontalier. C’est au cours des échanges tenues entre l’expert en commerce du Projet de facilitation du commerce dans la région des grands lacs (PFCGL) du 5 au 8 mai 2020 que les petits commerçants transfrontaliers ont expliqué ces conséquences vecues dans leurs activités depuis la fermeture des frontières Ruzizi 1 et 2 depuis le 23 mars 2020.
Abandon de certaines filières d’activités
« Avant, j’achetais les cosettes de manioc auprès des producteurs rwandais pour les faire moudre et revendre la farine de manioc à mes clients. Cela coutait moins cher que d’acheter directement la farine de manioc auprès de grands commerçants. Malheureusement, j’ai été obligé de changer d’activité étant donné que je ne peux plus me rendre personnellement dans les champs au Rwanda où je m’approvisionnais. Aujourd’hui, je vends les légumes que j’achète auprès des commerçants transfrontaliers qui sont dans le groupage. Cette nouvelle activité ne marche pas bien car les prix sont élevés et le taux de change instable » explique une vendeuse au marché d’Irambo à Bukavu.
Par ailleurs, « juste après la fermeture de la frontière les divers plastiques n’entraient pas au pays. Il fallait donc s’approvisionner auprès des vendeurs de Bukavu à des prix plus élevés. Seulement, les marchandises si chèrement achetés s’écoulaient difficilement car avec le coronavirus la préoccupation de tous était de se constituer des stocks alimentaires que d’acheter des bassins ou autres divers plastiques. Pour ne pas perdre mes revenus le choix était clair : vendre les produits agricoles de base qui sont indispensables » explique une vendeuse des produits manufacturés.
Un nouvel élan à l’écoulement des produits agricoles de base
La fermeture des frontières ayant réduit les flux migratoires, les petits commerçants transfrontaliers qui étalent leurs produits dans les marchés de la ville de Bukavu se disent satisfaits de la rotation de leurs stocks des marchandises : « Lorsque les frontières étaient ouvertes, beaucoup des ménages se rendaient personnellement à Cyangugu (au Rwanda) pour s’approvisionner en farine. Vu qu’ils ne peuvent plus traverser la frontière, ils sont obligés de s’approvisionner dans les marchés locaux. Cela me permet d’écouler rapidement mes marchandises » explique une petite commerçante transfrontalière vendeuse de farine.
Pour les vendeurs des légumes et des fretins frais c’est la peur du coronavirus qui apporte la solution à l’un des grands problèmes auxquels sont confrontées leurs activités. « Pour échapper aux exigences liés à la vente dans les marchés, entre autres la taxe sur étalage, certains petits commerçants en provenance du Rwanda avaient adopté la stratégie des ventes porte à porte des fretins frais et des légumes. Avec le coronavirus, plusieurs ménages ont peur d’exposer leurs enfants à ce virus et ont limité l’accès à leurs maisons, préférant se rendre eux même au marché pour faire les courses. Cela a augmenté la demande de nos produits et a réduit la vente porte à porte ».
Prospection des nouveaux marchés d’approvisionnement
Ayant pour principale source d’approvisionnement et d’écoulement le Rwanda, certains petits commerçants transfrontaliers sont obligés de prospecter des nouveaux marchés d’approvisionnement. « Depuis que le Rwanda a freiné l’exportation du haricot vers ses pays voisins, les membres de mon association se sont tournés vers Goma pour s’approvisionner. Avec la suspension du trafic entre Goma et Bukavu, il nous a fallu se tourner vers nos milieux ruraux pour nous approvisionner. Cette solution ne nous est pas favorable car les routes sont en mauvais état et le coût du transport très élevé » illustre Madame Mawazo, présidente des vendeurs de haricot.
Une meilleure organisation des activités des petits commerçants transfrontaliers
De son côté, le président de la plate-forme des associations des commerçants transfrontaliers de Bukavu estime que la fermeture des frontières aux personnes a permis une meilleure organisation des leurs activités. « C’est depuis octobre 2018 que nous avons mis en place le système de groupage sur recommandation du PFCGL. Les objectifs de départ étaient d’une part, de réduire les coûts supportés par les petits commerçants transfrontaliers notamment le temps passé sur des longues files d’attente pour avoir le jeton, les tracasseries qui obligeaient les commerçants à s’arrêter plusieurs fois dans la zone frontière. D’autre part, le système de groupage s’avérait être la meilleure stratégie à appliquer pour respecter des normes de qualité requis pour transport des certains produits sensibles comme le lait, la viande, les poissons frais,…. Malheureusement, jusqu’en fin 2019 seulement les vendeurs de farine, haricot, viande et légumes avaient adopté ce système. Avec la fermeture des frontières aux personnes, le groupage a été mis en place par les vendeurs des viandes, des fretins frais, des poissons qui, malgré plusieurs sensibilisation rechignaient à adopter ce système de travail » relate Monsieur Mulume Ombeni, président de la plate-forme des associations des commerçants transfrontaliers de Bukavu.
Source : Cellule de Communication du PFCGL
La Rédaction
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