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Crise à l’Est : À chacun son taux de change en ville de Goma, une situation qui affecte l’économie

Depuis la prise de la ville de Goma par les rebelles du M23-RDF-AFC, la vie quotidienne des citoyens a été profondément bouleversée. L’économie locale, autrefois fragile mais fonctionnelle, est désormais hors de contrôle des nouveaux occupants, plongeant la population dans une situation de précarité accrue.

L’un des aspects les plus frappants de cette crise est la flambée des frais imposés par les agents des monnaies électroniques. Initialement, ces derniers exigeaient jusqu’à 10% pour chaque retrait d’argent en dollars américains ou en francs congolais. Après des négociations avec les autorités urbaines, ce taux a été ajusté, mais la nouvelle réglementation reste défavorable à la population. Désormais, la conversion des dollars en francs congolais se fait à un taux de 2700 FC alors que les réseaux mobiles appliquent un taux plus élevé, de l’ordre de 2850 FC. Ainsi, lorsqu’un citoyen retire de l’argent en dollars, il se voit contraint de recevoir du liquide en francs congolais à un taux nettement inférieur, oscillant entre 2700 et 2750 FC.

Pour contourner ce déséquilibre, certains agents de monnaie électronique ont commencé à vendre les dollars américains aux citoyens désireux d’en obtenir. Cependant, cette alternative n’est pas sans coût : ces agents appliquent une commission de 5% pour chaque transaction de retrait. Par ailleurs, alors que les bureaux de change imposent un taux de conversion de 2700 à 2750 FC, le marché noir affiche un taux bien plus avantageux, atteignant 3000 voire 3100 FC. Cette disparité provoque un manque à gagner significatif pour les habitants déjà éprouvés par la guerre et les restrictions économiques.

Face à cette situation, de nombreux citoyens de Goma dénoncent une escroquerie manifeste orchestrée par les agents des monnaies électroniques. Ils appellent les autorités à intervenir pour réguler ce secteur et protéger la population contre ces pratiques abusives. Wivine Nkosi, étudiante dans un institut supérieur de la ville, exprime son indignation et implore l’intervention du gouvernement central :

« Je pense que c’est Kinshasa la solution à notre problème. Nous survivons à Goma, rescapés des bombardements qui ont coûté la vie à des milliers de Congolais entre le 27 janvier et le 5 février 2025. Voir que nous sommes escroqués par nos propres frères, cela fait mal. Kinshasa doit envisager une solution durable à ce problème de sécurité qui est la racine même des multiples souffrances de Goma. »

Le cri de détresse des habitants de Goma résonne comme un appel urgent à une prise de responsabilité des autorités congolaises. Sans intervention rapide, la ville risque de sombrer davantage dans le chaos économique, aggravant encore la situation humanitaire déjà désastreuse.

Vital Kakendi, financier et chercheur en économie du travail ainsi qu’enseignant dans les universités, estime qu’aucune transaction de grande envergure ne peut avoir lieu sans passer par le circuit bancaire. L’absence de la banque centrale à Goma renforce le caractère informel des transactions financières dans la ville, au détriment du consommateur final, à savoir les ménages.

Selon lui, la circulation de la masse monétaire est loin d’être contrôlée, et les spéculateurs en tirent énormément profit. Il propose plusieurs pistes de solution :

  1. La réouverture de la banque centrale et des banques commerciales, ainsi que des coopératives d’épargne et de crédit (Coopec);
  2. La reprise de grands travaux publics de développement pouvant absorber une grande masse de main-d’œuvre;
  3. La relance des agences publiques de financement des projets, notamment le Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI).

La situation à Goma exige donc une action immédiate et concertée des autorités congolaises pour freiner l’effondrement économique et restaurer un semblant de stabilité financière au sein de la population.

 Marasi Bénédicte Zoé

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