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Nord-Kivu : Une équation à plusieurs inconnus sur le futur remplaçant de Julien Paluku Kahongya


Qui sera le prochain gouverneur de la province du Nord-Kivu pour succéder à Julien Paluku Kahongya ? Sera-t-il de grand ou du petit nord. Devra t il répondre à quel critérium de profil ? Sera-t-il élu selon des pesanteurs communautaires ou politiques ? En tout cas toutes ces questions restent en suspens pour l’instant jusqu’à ce que les élus provinciaux aient exprimé leur volonté.

Pour aujourd’hui, l’évidence voudrait répondre à un problème jadis crucial. C’est que, le contexte de la configuration socio politique de l’assemblée provinciale, conformément à la constitution et à la loi électorale du 18 février 2006 telle que modifiée, la province du Nord-Kivu doit désormais compter 48 députés dont 44 élus et 4 chefs coutumiers coptés. Ce,  contrairement à l’ancien temps où l’assemblée ne comptait que 42 députés provinciaux.

Du point de vu politique, les grandes coalitions semblent structurer le système partisan. Il y a le FCC, LAMUKA et CACH. Tenant compte de cette considération politique, il y a une sorte de structuration bipolaire, pense Mbusa Kizito Gaucher, chef des travaux et enseignant à l’université catholique du Graben.

« Le  FCC compte 19 députés alors que  LAMUKA ne compte que 24 députés. Mais dans cette configuration on ne voit pas apparaître les chefs coutumiers. Ils constituent jusqu’à aujourd’hui un inconnu. Pour qui vont-ils jouer ? En tout cas, s’ils basculent vers le FCC, ca donne 23 députés FCC contre 24 de LAMUKA. La grande question c’est que jusque là, personne n’aura atteint le nombre requis. Par ailleurs, si tous les quatre basculent vers LAMUKA, cela lui donnerait  28 députés. Mais cela n’est pas la dernière cartouche. Ces chefs coutumiers peuvent aussi basculer tous vers le CASH, mais dans ce cas, le cash n’aura pas encore atteint le chiffre important pour espérer conquérir le gouvernorat ».

Pour Mbusa Kizito Gaucher, le deuxième élément, c’est qu’il est aussi possible si ces coalitions demeurent intactes. L’on sait déjà que  les alliances se font et se défont en l’avantage ou en défaveur de telle ou telle autre coalition. Si la discipline demeure au sein de ces grandes coalitions, ces possibilités peuvent s’avérer vrai. Mais il sera aussi question de différentes pesanteurs.

« L’élément communautaire joue beaucoup dans ces enjeux.  En structurant la province en petit Nord et en grand Nord. Si cette pesanteur sera opératoire dans le cadre de ces élections, on pouvait penser que le gouverneur viendrait du Grand Nord si on prend ça du point de vue quantitatif parce que le grand Nord dispose d’un nombre important de députés ».

Mais en plus de la pesanteur communautaire, il ne faut pas ignorer la pesanteur politique, estime cet enseignant d’université.

« Il y a aussi une pluralité des candidatures des politiques ressortissant de cet espace géographiques dit Grand Nord. Or si cela s’avérait vrai, alors la pesanteur communautaire risquera d’être moins opératoire par rapport à la pesanteur politique. Donc,  l’élément politique pèsera plus sur l’élément communautaire.  Le communautaire semble être moins opératoire ».

Il y a aussi la capacité pour les différentes coalitions à mobiliser des grandes ressources. La politique est un jeu d’intérêt. Le marché politique se révèle être un autre grand facteur sur lequel il faudra appuyer, pense cet enseignant d’université.

« IL y a aussi le capital social de chaque leader. Spécifiquement il renvoie à ce que ces différents candidats ont déjà accumulés du point de vue de la construction de leur clientèle. La capacité pour les députés à pouvoir afficher une attitude responsable. Ils doivent en plus de tout jour des rôles politiques. S’ils votent sur base du capital social, ils se seraient piégés. Aujourd’hui, il leur revient de bien regarder parce que de leur choix dépend l’avenir de la province ».

En fait c’est la position des chefs coutumiers en faveur ou en défaveur de telle ou telle autre pesanteur pourrait dicter le choix de tel ou tel autre comme gouverneur.

« Il devra être capable de fédérer toutes les forces possibles. En plus du poids politiques, il faudra tenir compte de l’équilibre communautaire dans les différentes institutions provinciales ».

Pour certains habitants, en dépit de la provenance géopolitique, le prochain gouverneur devrait répondre à un certain nombre de critères.

« La constitution du 18 février 2005 est claire. On vote un député à la majorité simple. Le critère de zonage n’est pas important. Il faut plutôt un gouverneur qui sera une église au milieu du village. Il y a des grands problèmes en province, c’est pourquoi il faut un gouverneur responsable. Il ne faut pas tribaliser la politique. C’est un choix de la réflexion. Si on y mêle les sentiments, cela peut conduire à des conflits ».

« Il faut  que le Grand Nord gagne ces élections parce que c’est la que l’insécurité est récurrente. Si c’est un autre, il risque de ne pas se pencher aux problèmes du Grand Nord. Cela ne signifie pas qu’il ne sera pas gouverneur de toute la province ».

Cependant, le nouvel élu provincial Promesse Matofali, pour le compte de la ville de Butembo la communauté devrait plutôt beaucoup peser sur l’aspect politique.

« Le critère communautaire est très important. C’est un critère de choix. Nous avons intérêt d’avoir un gouverneur de la province qui provient du Grand Nord. Nous devons nous battre pour ça. Chaque député se bat pour sa circonscription…il faut un gouverneur qui a la vision du changement, un nouveau souffle », résume-il

Par ailleurs pour sa part, Maître Mbusa Nzanzu dit MBENZE nuance en parlant des critères de provenances grand nord et petit sud.

« L’influence des zones n’est pas tellement, il faut plutôt une concertation plutôt en considérant l’intérêt général de la province ».

Quoi qu’il en soit, de Rutshuru, de Masisi, de Nyiragongo,walikale, de Goma, de Lubero, de Butembo de Beni et de Beni territoire, le nouveau gouverneur devra faire face à  des grands défis. Il s’agit notamment du defit communautaire. Toutes les communautés doivent conjuguer ensemble pour reconstruire la province. Les Banandes ont besoin de circuler librement dans les villages Bambu et Nyanzale. De même, le libre mouvement doit être assuré aux Hutus qui ont besoin de se rendre à Kibirizi, Kishishye, Mirangi, Lusogha et Birundule. Bref, la province doit être accessible de tous ses habitants du Nord au sud et de l’est à l’ouest.

Qu’il soit issu de l’opposition ou de la majorité au pouvoir, il se veut d’être un gouverneur de toute la province du Nord kivu.

Philippe Makomera


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