Il y a lieu de craindre que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets…Samedi 2 mars 2019, le Président Félix Tshisekedi présentait avec fracas, à Kinshasa, un vaste et ambitieux projet nommé «Programme d’urgence pour les 100 premiers jours». Ce jour-là ! Les travaux furent lancés tambour battant, Place Echangeur de Limete. Témoins privilégiés de l’événement : des diplomates en poste à Kinshasa, les chefs des institutions nationales et autres ministres du Gouvernement Tshibala. Mais aussi et surtout, des militants sans nombre du parti présidentiel qui, dans une frénésie particulière, conspuaient qui ils voulaient et sans la moindre retenue, rapporte forum des as.
Pour l’entame de son quinquennat et donner l’espoir d’un vent du renouveau à ses millions de compatriotes, le successeur de Joseph Kabila, avait toutes les raisons légitimes de lancer ces travaux tambour battant. Ce, dans plusieurs villes du pays dont Kinshasa, Bukavu et Kananga. Divers secteurs avaient été concernés. Entre autres, l’accès à l’électricité et à l’eau potable, les infrastructures sanitaires et scolaires, les routes ainsi que des logements sociaux dans certains camps militaires sélectionnés.À Kinshasa, par exemple, des chantiers des sauts-de-mouton, censés lutter contre les embouteillages et fluidifier la circulation furent lancés. Un budget de 497 millions de dollars avait même été annoncé. Tout le problème, cependant, est que le Programme d’urgence des 100 premiers jours de Fatshi fut lancé au moment le dernier Gouvernement du régime de Joseph Kabila était déclaré démissionnaire. Moralité, la charge de la gestion quotidienne du pays revenait momentanément à la Présidence de la République. Et, on connait la suite.
LES MEMES CAUSES PRODUISANT LES MËMES EFFETS…
Deux années après les travaux du Programme d’urgence de ses 100 premiers jours, c’est encore le Président Félix Tshisekedi qui, à partir de deux sites différents (Terre jaune à N’Sele et 7ème rue Limete), lance le mercredi 17 mars à Kinshasa, les travaux de modernisation et de réhabilitation de quelques artères choisies de la voirie urbaine.Sept jours auparavant, soit le mercredi 10 mars, le Chef de l’Etat, à l’issue d’une descente sur le terrain, avait annoncé la destruction du Grand marché de Kinshasa. Construit en 1943 selon un plan type conçu par l’architecte belge Marcel Van Hentenryck et renouvelé dans les années 1970 par feu le maréchal Mobutu, le Marché central de la capitale est tout à ce jour, sauf un lieu de négoce digne d’une mégalopole comme Kinshasa. Car, en plus de la vétusté de ses infrastructures, le site doit également sa triste réputation à l’insalubrité généralisée qui le caractérise depuis plusieurs décennies.A partir du moment où le Président de la République, après entretien avec le Gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, prend la décision de fermer le Marché central, détruire les infrastructures existantes pour construire un nouveau Grand Marché digne de la capitale, cette mesure mérite d’être saluée et soutenue.Drôle de coïncidence tout de même, toutes les initiatives de Fatshi, en termes de grands travaux, sont prises au mois de mars. Mars 2019 pour le Programme d’urgence des 100 premiers jours. Mars 2021 pour la modernisation, la réhabilitation de la voirie urbaine et la construction d’un nouveau Marché central.Cependant, il s’avère qu’en plus de cette harmonie de calendrier, le vaste et ambitieux Programme lancé le 2 mars 2019 et celui du Mercredi 17 mars courant, présentent une similitude historique notable. A savoir, le contexte politique dans lequel sont lancés ces travaux. Exactement comme lors du Programme d’urgence de ses 100 premiers jours, Fatshi ouvre les chantiers de la voirie urbaine en l’absence d’un Gouvernement responsable, celui de Sylvestre Ilunga Ilunkamba encore en place étant réputé démissionnaire. A l’égal du Gouvernement Tshibala en 2019.Lorsque le Président Félix Tshisekedi, après la rupture de l’ancienne coalition FCC-CACH en décembre dernier, annonce à la terre entière que «le travail commence», il n’ignore pas que les Congolais l’attendent voir poser effectivement des actions concrètes. Autrement dit, révolu le temps de paroles et de discours. Le lancement des travaux de modernisation et de réhabilitation de quelques routes de Kinshasa expliquerait donc cela.Ici, il faut souligner que ces différentes initiatives du Président de la République constituent des actes de gestion. De ce fait, il enfile le costume de Chef du Gouvernement en l’absence de celui-ci. Malheureusement, il se fait que ce n’est pas lui qui est responsable de ses actes devant le Parlement, en l’occurrence l’Assemblée nationale dont le Premier ministre est constitutionnellement l’émanation. Dans cet environnement politique, la question qui se pose est celle de savoir à qui l’Assemblée nationale demandera des comptes en cas de contreperformances dans l’exécution de ces travaux ?
ET SI ON AVAIT ATTENDU GOUVERNEMENT SAMA ?
Lancer les travaux de modernisation et de réhabilitation d’une voirie urbaine aux allures des routes désaffectées, comme celles de Kinshasa, personne ne s’en plaindrait. Car, ces infrastructures, en plus de leur côté esthétique, sont l’un des aspects du «social» des Kinois.Néanmoins, plus d’un observateur pense que pour plus de transparence dans la gestion de fonds qui seront alloués à l’exécution de ces travaux et aussi, pour un bon suivi, il aurait été souhaitable que la responsabilité soit confiée à une structure gouvernementale. En l’espèce, le ministère des Infrastructures, Travaux publics et réaménagement (ITPR). Si l’on admet que le maître d’œuvre du projet indiqué est connu, il est supposé que le ministère de tutelle en est le maître d’ouvrage délégué. Or, dans le contexte actuel où le Gouvernement Ilunkamba est en mode «expédition des affaires courantes», ce rôle ne peut donc plus revenir au ministre actuel. D’où la question : pourquoi n’a-t-on pas carrément attendu la mise en place du Gouvernement Sama Lukonde, pour lancer ces travaux ? La réponse est sans doute dans la question.
redaction
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