À peine quelques jours après la signature, à Washington DC, d’un accord présenté comme une avancée décisive vers la désescalade entre Kinshasa et Kigali, la réalité du terrain vient brutalement contredire les espoirs de paix. Dans plusieurs zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, les affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les combattants de l’AFC-M23 se sont intensifiés, entraînant de nouveaux déplacements massifs de populations.
Signé le 4 décembre 2025, l’accord de Washington devait marquer l’ouverture d’un cessez-le-feu durable. Pourtant, dès les premières 48 heures, les combats ont redoublé de violence dans les localités de Kamanyola, Luvungi, Mutarule et le long de l’axe Kamanyola–Uvira. Bombardements, tirs à l’artillerie et assauts ciblés ont été signalés, provoquant des scènes de panique et endommageant habitations, écoles et centres de santé déjà fragilisés par des années de conflit.
Sur les pistes poussiéreuses de la plaine de la Ruzizi, des centaines de familles fuient à pied, emportant ce qu’elles peuvent dans des sacs de fortune.
Marie Amisi Bilali, mère de quatre enfants, raconte :
« Nous avons fui en pleine nuit. Les bombardements étaient si proches que la maison tremblait. J’ai juste pris les enfants et nous avons couru. Je ne sais même pas où est mon mari. »
Dans un centre de transit improvisé par les habitants, les récits se suivent et se ressemblent.
Bisimwa, cultivateur de 53 ans, témoigne, las :
« C’est la troisième fois en deux ans que je quitte ma maison. Chaque fois qu’on croit que la paix revient, les combats reprennent plus fort. Nous sommes fatigués. Nous implorons la paix. »
Pour d’autres, la fuite se transforme déjà en drame.
Aline Alimasi, 22 ans, raconte dans les larmes :
« Ma mère était malade. Elle ne pouvait pas marcher vite. Quand les tirs ont commencé, tout le monde courait. On l’a perdue dans la confusion. Je ne sais pas si elle est vivante. »
Dans un communiqué publié le 6 décembre, les FARDC accusent l’AFC-M23 d’avoir lancé des attaques dans des zones densément peuplées, compromettant les engagements pris à Washington.

De son côté, l’AFC-M23 réfute ces accusations et affirme que les violences seraient la conséquence d’opérations menées par les forces gouvernementales et leurs alliés.

Cette contradiction révèle la persistance d’un fossé politique et militaire entre les deux camps, malgré les engagements signés sous médiation internationale.
Pour l’heure, les violences jettent une ombre profonde sur la mise en œuvre de l’accord de Washington. La communauté internationale, témoin et garante du processus, se retrouve face à l’urgence de ramener les parties au respect de leurs engagements, tandis que les populations civiles continuent de fuir une guerre qui, en dépit des signatures officielles, refuse obstinément de s’éteindre.
Nous y reviendrons.
Par Marasi Bénédicte Zoé | Groupe de Presse La République
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