Sud-Kivu : La ville de Bujumbura au Burundi, seul choix pour les réfugiés

Le matin de ce vendredi 14 Février les affrontements entre l’armée Congolaise (FARDC) en alliance avec la Force de défense nationale du Burundi (FDNB) et les rebelles du M23 appuyé par l’armée Rwandaise (RDF) se poursuivent à Kabamba (7 Kilomètres de Katana, 15 kilomètres de l’aéroport de Kavumu, 45 kilomètres de la ville de Bukavu).

À Bukavu,les habitants vivent une psychose généralisée en suivant sur les ondes les victoires sans peines des rebelles du M23 soutenu par le Rwanda. La majorité des Bukaviens se dirigent vers Bujumbura au Burundi afin de se mettre à l’abri des combats qui se rapprochent chaque jour davantage.
Sur le champ de bataille, c’est depuis deux jours que des combats intenses entre les deux belligérants continuent à donner l’avantage aux rebelles du M23 qui administrent désormais les villages de Ihusi alors que la résistance se des FARDC se signale aux alentours de la zone de Kalehe, grâce à l’appuie de l’armée de terre du Burundi voisin.

Alors que le premier accord de coopération entre les deux pays parlait de plus de 10.000 hommes, les troupes burundaises sont ainsi passées de 15 à 16 bataillons déployés dans le Sud-Kivu, en majorité autour de Bukavu, renseigne l’Agence France Presse, sans préciser combien de soldats compte ce dernier bataillon ajouté il y a une semaine.

Dans Bukavu, la plus grande ville du Sud-Kivu qui se situe actuellement à plus de 50 km du théâtres des affrontements , la population vit la peur au ventre depuis le début de cette campagne militaire menée par le M23_RDF qui va de victoire en victoire. Une seule issue pour les réfugiés Congolais, Bujumbura la capitale économique du Burundi.
« Je suis arrivé au Burundi avec ma famille depuis deux semaines maintenant, la vie est abordable dans ce pays frère qui nous a très bien accueilli, il faut que nos autorités trouvent une sortie pacifique de la crise pour nous permettre de rentrer chez nous. »(Témoignage Charles Bisimwa, un père de famille en fuite au Burundi.)

Sur la route entre les deux pays, ce réfugié de Bukavu dit avoir aperçu plus de 300 véhicules des familles congolaises qui voulaient traverser vers le Burundi sans compter les motos transportant bagages et passagers.

Dans le reste de la province, les ONGs rapportent au moins 30 000 personnes qui ont fui les villages situés sur le littoral de Minova depuis le début du mois. Beaucoup se sont dirigées vers le territoire voisin d’Idjwi, mais aussi vers Katana, Kavumu et Bukavu, plus au Sud.
Selon un agent au service de la migration congolaise joint sur place , contrairement aux populations du Nord-Kivu, une grande partie des habitants de Bukavu et d’autres grandes cités du Sud-Kivu ne se sont pas réfugiés à l’intérieur de leur province et ont optés pour le Burundi pour diverses raisons.
« Les gens préfèrent aller protéger leurs familles au Burundi car sur le plan régional c’est le pays où le coût de vie est le moins cher. À côté de ce là, le Burundi reste le seul pays de l’EAC qui appuie la RDC sur le plan militaire et diplomatique sans hypocrisie. Les congolais se sentent en sécurité dans ce pays frère. Et enfin, les terres des villages du Sud-Kivu ne sont plus fertiles. Les déplacés internes peuvent mourir de faim avec leur argent en poche. », nous a-t-il dit.

En réaction face à la reprise des hostilités après le dialogue des chefs d’états, dans son communiqué signé le 12 février, Patrick Muyaya attire l’attention de la Communauté Internationale et celle des communautés de la SADC et de l’EAC sur la violation flagrante du cessez-le-feu par le M23 RDF pourtant décidé par le sommet conjoint tenu à Dar-es-Salam, le samedi 8 février dernier. Sa communication ne semble avoir aucun effet sur les lignes de fronts qui demeurent très mouvementées.

Thierry KAYANDI