Le monde a célébré le 28 Mai, la journée mondiale de l’hygiène menstruelle.
« Faire de la menstruation un élément normal de la vie d’ici 2030 », voilà, le thème retenu cette année. Le 28 Mai, une date choisie par les Nations-Unies avec une signification étymologique. D’abord le 5 qui désigne le moi de Mai, correspond au 5 jours des règles dans un cycle de 28 jours. Le Groupe de Presse la République.net s’est penché sur la question de l’éducation menstruelle dans la ville de Goma.
Contexte
En Afrique, 66% des filles ne disposent pas d’une bonne information sur la menstruation avant d’être confrontées à leurs premières règles, selon les Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (UNICEF). Ce qui rend l’expérience négative et parfois traumatisante. Cette situation est dûe au fait que le sujet sur la menstruation est perçu comme « tabou » dans la plus part des pays africains. La République Démocratique du Congo n’est pas épargnée.
Le Groupe de presse la République.net a réalisé un breanstorming auprès de 20 filles dont l’âge varie entre 14 et 20ans dans la ville de Goma (Nord-Kivu). 14 ont laissé entendre qu’elles n’ont pas eu la chance « d’apprendre les pratiques d’hygiènes menstruelles » avant d’affronter leurs premières règles. Ce qui représente 70% de filles enquêtées. Ce pourcentage rencontre les statistiques d’autres focus groupes et témoignages individuels des filles de Goma sur la question de l’hygiène menstruelle.
Coléoptère, étudiante, 18ans révolu, a eu ses premières règles à 13ans. Elle parle d’une période la plus traumatisante qu’elle est vécue.
« J’étais à l’école quand j’ai eu les premières règles », explique-t-elle. « Je me dirigeais à la cantine et je ne comprenais pas pourquoi les gens me regardaient en riant. Une enseignante m’avait beaucoup grondé me disant comment une grande fille comme, je ne sais pas comment prendre soins de moi ! C’est elle qui m’amena au bureau et me donna une serviette et son pagne. Elle m’amena dans les toilettes et me montra comment mettre les lignes. Quelle honte ! », s’exclame Coléoptère.
Notre interlocutrice raconte que sa mère lui avait seulement dit que les débuts des règles l’expose à la procréation sans pour au tant aborder en profondeur le sujet. « Si tu fréquentes les hommes tu vas tomber enceinte. C’est le mot que ma mère m’avait dit en me voyant seigner pour la première fois », témoigne Coléoptère.
Claudine quant à elle, était tombée enceinte à 17ans. Elle avait eu ses premières règles et la grossesse s’en est suivie.
« Je vivais chez ma tante quand j’ai eu mes premières règles, j’étais en 4ème année des humanités et mon petit ami en 6ème au sein d’un même établissement scolaire. J’avais vu mes premières règles et le mois suivant j’avais connu un retard. Dans mon ignorance, j’avais pensé que c’était normal. C’est à partir de certains changements de mon corps dont la faiblesse, le sommeil, l’arrondissement des seins, la nausée, le manque d’appétit, ces anomalies remarquées par une voisine qui me soupçonnait d’être enceinte. Mais ma tante n’avait rien remarqué. La voisine avait décidé d’aller tout dire à ma tante, et c’est là qu’on avait que j’étais enceinte. On m’avait mis dehors, j’ai galéré jusqu’à l’accouchement », témoigne Claudine.
Claudine a une fille aujourd’hui. Elle a décidé de la parler régulièrement de l’hygiène menstruelle pour éviter qu’elle ne tombe dans cette erreur. .
Depuis 2014, les Nations-Unies a instauré la journée de la santé menstruelle. C’est dans l’objectif de rompre le silence et diffuser l’information pour permettre à la communauté en général et à la communauté scolaire en particulier de communiquer, d’échanger sur l’amélioration de la gestion responsable du cycle menstruel. Mais aussi interpeler les décideurs afin d’améliorer les infrastructures sanitaires en milieu scolaire pour que les filles fréquentent et participent en toute sécurité à leur maintien à l’école pendant leurs règles.
L’hygiène menstruelle, en parler sans tabou
Dans la ville de Goma, certains parents interrogés pensent que le sujet sur l’hygiène menstruelle relève « d’une certaine restriction ». Cela est dû aux uses et coutumes qui n’autorisent pas que la question soit abordée sans tabou. Ils jettent la balle aux enseignants. « Ils sont habilités de parler de ce genre de sujet à l’école car c’est tellement sensible », révèle une mère.
« Mes filles étudient, elles auront la chance de tout à prendre à l’école. Moi je n’ai pas étudié et mes parents aussi et donc je me suis débrouillée toute seule. Je ne me vois pas devant elles des règles, non ! Elles vont apprendre ça à l’école », lâche-t-elle.
Tout comme cette mère, elles sont nombreuses à Goma, les parents que ça soit la maman ou le papa, qui ne se préoccupent pas de l’hygiène menstruelle. « Le traitement du cycle, le lavage des linges, l’utilisation des linges à usage unique, les bains intimes, l’administration des pillules… », les jeunes filles font face à une éducation de la rue. Conséquence, elles deviennent la cible directe des maladies, des surcroît de grossesses avant l’âge où indésirables.
Les enquêtées du début ont estimé qu’il est urgent que l’éducation sur l’hygiène menstruelle soit abordée sans aucune forme de tabou.
« Le gouvernement congolais doit prendre à compte ce besoin sexo spécifique pour augmenter les heures d’enseignement dans le programme scolaire quant à ce qui est de l’hygiène menstruelle. Aussi instruire les parents en à faire une habitude. Il est temps que la fille se sente en sécurité que ça soit à la maison tout comme à l’école surtout pendant son cycle menstruel », ont-elles conclu.
Marasi Bénédicte Zoé
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