Conformément à l’Accord de Nairobi, le mariage étant célébré sous le regard des témoins, les deux formations politiques qui compose le Cap pour le changement s’étaient mises d’accord pour soutenir, avant tout, la candidature de Félix Tshisekedi en 2018, avant celle de Vital Kamerhe, pour la présidentielle de 2023. Hélas ! La détention provisoire de ‘’VK’’ ne fait pas du tout l’affaire de l’UNC dont les partisans et cadres redoutent une main noire derrière l’inculpation de celui que d’aucuns appellent affectueusement ‘’le pacificateur jusqu’au bout’’. D’ailleurs, l’un des ses avocats, sans langue de bois, parle d’un dossier purement politique. Face à cette énième crise qui s’y installe, la Coalition UNC-UDPS va-t-elle survivre ? En inculpant Kamerhe, poursuivi pour détournement des fonds alloués aux travaux de 100 jours, la justice congolaise est-elle devenue réellement indépendante et équitable ? N’est-ce pas un règlement des comptes ? Même si, à ce stade, l’on ne peut répondre à toutes ces interrogations, la vérité doit, ipso facto, éclater en établissant des responsabilités dans cette affaire des millions.
Fin de l’idylle ?
Mis sous mandat d’arrêt provisoire par le Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete et acheminé illico presto à la prison centrale de Makala où il a passé d’ailleurs ses deux premières nuits, la détention provisoire du Directeur du Cabinet du Chef de l’Etat a suscité une très grande agitation dans la capitale Kinshasa. Dans son bastion de Bukavu, les militants de l’UNC ont manifesté leur totale indignation jusqu’au niveau de pointer du doigt leur partenaire politique, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Pourtant, avec ce dernier, ils composent la coalition Cap pour le changement (CACH) qui exerce le pouvoir depuis le 24 janvier 2019, malgré quelques incidents de parcours. Que l’on soit sceptique ou optimiste quant à la capacité de la justice à mener à bon port cette affaire, force est de constater que le pouvoir de ‘’Fatshi’’ est à un véritable tournant. Vital Kamerhe, qui n’est pas n’importe qui, en cas d’un jugement qui va lui être défavorable, sa chute libre risquerait de compromettre beaucoup de choses. Entre autres, la remise en question de la coalition CACH, de surcroit, compromettre la coalition au pouvoir CACH- FCC.
Démission imminente
Lui qui connaît beaucoup d’affaires au niveau de la présidence, va-t-il rompre son union avec le Président de la République ? Avec toutes ces accusations, l’image du Directeur du Cabinet de ‘’Fatshi’’, mieux l’image de l’Institution présidence de la République aurait subi un coup énorme. S’agissant d’une probable démission de Kamerhe au poste du Directeur du cabinet, Me John Kaboto, avocat de l’inculpé a précisé que cette question n’est pas à l’ordre du jour. Cependant, pour le juriste Christophe Lutundula, Vital Kamerhe peut continuer à exercer ses fonctions en prison, sauf s’il y a un acte qui le suspend de ses fonctions de Directeur du Cabinet et qui nomme un intérimaire. Pour plusieurs analystes politiques, l’inculpation et la détention du leader de l’UNC impose sa démission ou sa révocation au poste de Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat. Au cas où il serait reconnu coupable de détournement des fonds, son casier judiciaire l’empêcherait à se représenter à l’élection présidentielle de 2023, ce qui serait un coup fatal pour ses militants.
Vers une mise en liberté provisoire ?
Ayant passé déjà ses deux premières nuits à Makala, la défense de Vital Kamerhe compte solliciter une mise en liberté provisoire. Me John Kaboto qui s’est confié à la presse au sujet de l’audition du Directeur de cabinet du chef de l’Etat, a tenu à le faire savoir. «Nous nous sommes respectueux de la procédure, nous devons introduire d’abord une lettre de demande de sa mise en liberté provisoire pour qu’il puisse au moins recouvrer sa liberté. Il va continuer à coopérer avec la justice. Vital Kamerhe n’est pas un petit monsieur», a-t-il lâché. Tout peut basculer dans tous les sens.
Appel au calme et à la sérénité
Depuis sa cellule au pavillon 8 de Makala, Vital Kamerhe a appelé ses sympathisants au calme et à la sérénité. Porte-parole de l’Union pour la nation congolaise, Me Gabin Lulendu a, pince-sans-rire, signifié à la presse le message de son Président national envers ses sympathisants de l’UNC. «C’est le Président national de l’UNC qui, à partir de sa cellule à Makala, nous a invité d’être calme, parce que, dit-il, c’est une occasion en or qui est donné pour que les uns et les autres se rendent compte qu’il n’est pas responsable de ce qui s’est passé dans la mesure où il dit n’avoir pas détourné les fonds», a rapporté la voix autorisée de l’UNC. Certainement, le Directeur de cabinet de Fatshi garde son moral au zénith, même si dans l’âme, lui seul sait ce qu’il ressent à cet instant où il voit sa vie subir un tournant de quitter le confort d’un Directeur du Cabinet, pour enfiler l’uniforme d’un détenu à la prison centrale de Makala.
La série continue…
Alors que les regards étaient tournés vers la lutte contre la propagation du COVID-19 qui bat son plein en tuant des compatriotes, la saga judiciaire déclenchée par l’arrestation de Vital Kamerhe, Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, continue et n’est visiblement pas finie. Puisque certaines personnes impliquées dans la gestion des fonds de 100 jours tombent comme des chenilles. Nombreux ont été surpris par la nouvelle de l’arrestation hier dans l’après-midi, de M. Fulgence Baramosi, Directeur Général du Fonds National d’Entretien Routier (FONER). La décision de le placer en détention a été donnée par le Procureur Général de Kinshasa-Gombe après sa convocation et son audition. Il est accusé d’être impliqué dans une affaire de détournement de plus de 20 millions de dollars Américains, argent destiné à la réhabilitation de routes dans les provinces du Nord et Sud-Kivu ainsi que dans le Kasaï. Après Kamerhe, Fulgence Baramosi, à qui le prochain tour ? La question reste ouverte. Pendant ce temps-là, le Président de la Cour de Cassation prend la décision de renvoyer en bloc, après l’état d’urgence, toutes les affaires en instruction. Ce qui pourrait faire perdurer la détention de deux hommes à Makala. De quoi énerver davantage l’allié de Félix Tshisekedi avec qui ils ont connu la déception à Genève et le triomphe à Nairobi.
La Pros.
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