Groupe de presse La République

RDC : Une Intervention du genre ARTEMIS doit être planifiée à lieu et place de la Monusco, propose le député national Alexandre Muhasa.

Alexandre Muhasa, député national élu de Lubero
©asaphlit, la république.net

Les députés du Grand Nord (région comprise entre Beni et Lubero) de la province du Nord-Kivu (Rdc) sont très préoccupés par la situation sécuritaire qui prévaut à Beni, marquée par des mouvements de résistance populaire qui prennent l’ampleur nationale pour réclamer le départ sans condition de la Monusco. Les manifestants justifient leur revendication par la passivité de la Monusco dans la traque des rebelles ougandais des ADF (Forces Démocratiques Alliées) accusés d’être à la base de la mort de près de 3 000 personnes depuis 2014.

Depuis le déclenchement des mouvements des protestations, les élus nationaux du Nord de la province ont multiplié des rencontres à Kinshasa (capitale congolaise) pour accompagner la population du Nord-Kivu dans sa lutte. Certains ont rencontré la société civile, les responsables de la Monusco et d’autres ont participé dans des marches et sit-in en début de la semaine dernière dans la capitale congolaise. Au cours de ces différentes rencontres avec les autorités du pays et de la Monusco, tous les députés nationaux ont convergé sur un seul langage ; « nous sommes envoyés par le peuple et nous devons suivre la voix de celui-ci, celle de voir la Monusco partir », peut-on lire dans le compte rendu du député national Tembos Yotama élu de Butembo (Nord-Kivu), des échanges avec Jean de la croix, secrétaire Général adjoint des nations-unies.

Selon ce document, Ces élus ont justifié leur position du fait que « la population congolaise est fatiguée de voir une Monusco passive, complice de la misère des enfants de BENI, des massacres perpétrés à quelques mètres de leurs installations … Une Monusco qui vient de faire 20 ans avec un bilan mitigieux »

Au cours de ces différentes missions, un député national, élu du territoire de Lubero est sorti de l’ordinaire avec une nouvelle proposition, optée dans ce compte rendu. Il s’agit d’Alexandre Muhasa.

« Une intervention du genre ARTEMIS doit être mise en place à lieu et place de la Monusco », a-t-il proposé.

Après avoir donné cette proposition, le député national a dans une interview exclusive accordée au groupe de presse la république.net condamné l’attitude de la Monusco dans la poursuite des opérations militaires à BENI.

« Il est incompréhensible que la MONUSCO dise qu’elle n’est pas impliquée dans les opérations qui sont en train d’être menées alors que départ le chapitre 7 du statut des nations-unies, la Monusco a déjà l’autorisation d’appliquer ce chapitre pour imposer la paix. Malheureusement on ne voit pas l’application de cet article dans les opérations qui se poursuivent à Beni par ce qu’on continu à assister aux carnages, ce qui est encore grave, on observe les cas des tueries comme les autres les disent aux barbes de la Monusco alors qu’elle a la mission de protéger la population civile », a réagi le député national Alexandre Muhasa.

Félix Tshisekedi opte pour une mission conjointe Fardc-Monusco

Le 25 Novembre dernier, le Président de la République Félix Tshisekedi a autorisé les opérations conjointes Fardc-Monusco à Beni. C’était à l’issue de la réunion du conseil de sécurité qu’il avait présidé. Selon radiookapi.net qui reprend les sources de la communication présidentielle, cette réunion avait chuté sur deux principales résolutions. C’est notamment « l’installation d’un quartier général avancé des forces armées de la Rdc à Beni et la mise en œuvre d’opérations conjointes entre l’armée nationale et la Monusco afin d’assurer la paix et la sécurité à la population civile de Beni ».

Alexandre Muhasa favorable à cette décision du Chef de l’Etat avec quelques attentes

« Si les opérations conjointes sont de nouveau lancées, c’est important mais la Monusco qui va travailler sous le lead de l’armée congolaise doit d’abord redéfinir ses interventions avec des termes claires qui seront expliqués à la population. Il a été révélé que l’ennemi est identifié comme mouvement islamiste alors que 80% des contingents sur le terrain de la Monusco sont des musulmans et certains d’entre-eux ont plus de 10ans dans la région comme Beni, Kanyabayonga, Mweso et Kitshanga (Nord-Kivu) et construisent des mosquées. De la même façon qu’on est en train de relever les troupes Fardc, il faut que la Monusco puisse faire autant car certains de ses staffs sont accusés dans l’affairisme des matières premières en coopération avec l’ennemi », a suggéré Alexandre Muhasa.

«  Nous soutenons les démarches du Chef de l’Etat de lancer les opérations conjointes Fardc-Monusco à Beni mais il faut songer une opération à la lumière des opérations ARTEMIS lancée dans la région de l’ITURI par l’Union Européenne en collaboration avec les Nations-Unies », ajoute-t-il.

Quid de l’opération ARTEMIS

Les opérations Artémis sont connues comme « Force internationale de maintien de la paix en Ituri ». Le 12 Juin 2003, l’Union Européenne (UE) a lancé cette opération en République Démocratique du Congo, conformément à la résolution 1484 du conseil de sécurité des nations-unies autorisant la mise en place d’une force multinationale intérimaire d’urgence à Bunia ainsi que l’action commune du Conseil de l’Union. C’est la première opération militaire de 1 500 hommes menée par l’Union Européenne hors de l’Europe.

Cette opération Artémis avait atteint son objectif celui d’empêcher une catastrophe humanitaire en Ituri (Rdc), déchirée par des violents combats communautaires entre les ethnies Hema et Lendu qui avaient fait plus de 3 millions de victimes directes ou indirectes selon les chiffres de la société civile.

A l’instar de ces opérations, le député national Alexandre Muhasa croit que la communauté internationale doit se mobiliser pour sauver le processus de paix en Rdc et mettre ainsi un terme à l’activisme des Adf qui a déjà fait près de 3 000 morts et plusieurs centaines des disparus depuis 2014.

Pour l’instant, les mouvements de protestation populaire se poursuivent à Beni. La population ne jure que pour le départ de la Monusco. A Butembo, Lubero, Rutshuru et Goma, les habitants observent des journées villes mortes et des sit-in pour compatir avec la population de Beni. Ce Mardi dernier 3 Décembre 2019, trois personnes ont été tuées dans une répression violente des manifestations à Beni par le service de l’ordre. Depuis Novembre 2019, les rebelles ADF ont de nouveau tué plus 80 civils dans des grandes agglomérations du territoire de Beni et de ma ville, selon la société civile locale.

Asaph LITIMIRE


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