Des prisonniers politiques et d’opinion, dont Franck Diongo et Firmin Yangambi, sont désormais libres, bénéficiaires de la mesure de grâce présidentielle. D’autres prisonniers, environ 700, complètent la liste. Au même moment, le chef de l’Etat a suspendu le ministre des Affaires foncières et deux mandataires des entreprises du portefeuille, enjoignant en même temps la justice d’ouvrir des dossiers à leur charge. Ses premiers pas sont là, dans la lutte contre la corruption et l’impunité. Mais jusqu’où ira-t-il ? S’ interroge nos confrères du potentiel
Le 2 mars 2019, lorsqu’il lançait à la place de l’Echangeur son programme d’urgence pour ses premiers 100 jours à la tête du pays, Félix Tshisekedi a promis de procéder dans « les dix jours » à la libération des prisonniers politiques et d’opinion. La méthode Félix Tshisekedi est en marche.Il l’a dit, il l’a fait. On peut bien emprunter l’expression à la Majorité présidentielle qui l’a mise en vedette lorsque son autorité morale, le président sortant, Joseph Kabila, avait honoré sa parole en renonçant à un troisième mandat à la tête de la République démocratique du Congo. Félix Tshisekedi, son successeur, est resté sur la même ligne.
A l’échéance de ce délai, soit le 12 mars 2019, les supputations sont allées dans tous les sens. Certains ont mis en cause le Garde des sceaux et ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, lequel se serait mis en tête d’empêcher le chef de l’Etat d’aller jusqu’au bout de son projet.
Finalement, c’est dans la soirée du mercredi 13 mars que l’ordonnance présidentielle rendant compte de la mesure de grâce présidentielle en faveur de certains prisonniers politiques et d’opinion a été lue sur les antennes de la télévision nationale. Des prisonniers, dont les plus emblématiques tels que Franck Diongo et Firmin Yangambi, pouvaient enfin savourer l’air de liberté. Quant à Eugène Diomi Ndongala, son cas était laissé en suspens, avec une promesse ferme de le libérer dans les prochaines heures.
Le même mercredi 13 mars 2019, 700 autres prisonniers ont bénéficié de la grâce présidentielle. Le président Félix Tshisekedi a donc déjoué tous les pronostics, redonnant une fois de plus de la matière à ses détracteurs qui le réduisaient à un « président protocolaire ».
Alors qu’il ordonnait la libération de certains prisonniers, le chef de l’Etat ne s’est pas arrêté là. Il est allé plus loin en suspendant de leurs fonctions le ministre des Affaires foncières, Me Lumeya Dhu Maleghi, et le directeur général de l’ARPTC, Oscar Manikunda. Le directeur général de la SCTP (ex-Onatra), Daniel Mukoko, et son adjoint sont également passés par la trappe du président de la République.
Le chef de l’Etat a sévi. C’est une machine de sanctions qui est lancée et qui, a fortiori, ne devait pas s’arrêter aux seuls cas de l’ARPTC, de la SCTP et du ministère des Affaires foncières. On devrait donc s’attendre à d’autres sanctions similaires. A qui le prochain tour ?
Peur dans la ville
Au gouvernement, tout comme dans le portefeuille de l’Etat, la peur commence déjà à gagner les esprits. Jusqu’où ira le chef de l’Etat ? La question taraude tous les esprits.
S’il est reproché à Me Lumeya, ministre suspendu des Affaires foncières, un laxisme dans la gestion du domaine de l’Etat, il y a des secteurs où des préposés de l’Etat ont fait preuve d’actes de megestion indéniables. C’est le cas du projet de la fibre optique, inauguré en fanfare au poste d’atterrage de Muanda, sans qu’il n’ait connu un début d’exécution sur le terrain. En cause, Kin-Kiey Mulumba, alors ministre des PT-NTIC.
En dehors de la grande arnaque qui a entouré la fibre optique, l’on se souvient aussi de deux projets de construction de la nouvelle aérogare de N’Djili avec une firme chinoise et de la construction du port en eaux profondes de Banana, dans le Kongo Central, avec l’entreprise qatarie DP World. Au centre de ces dossiers, il y a eu José Makila, vice-Premier ministre en charge des Transports et Voies de communication, passé député national à l’issue des élections du 30 décembre 2018.
Si on devait inclure les marchés publics et divers contrats conclus dans les secteurs des mines et hydrocarbures, le président Félix Tshisekedi a encore un grand chantier devant lui pour lutter contre la corruption et mettre fin à l’impunité.
Ne dit-on pas qu’un long voyage commence par un petit pas. Les premières suspensions annoncées le 13 mars 2019 engagent la RDC dans une nouvelle ère où les commis de l’Etat vont se soumettre au devoir de redevabilité. Mais, avant d’y arriver, il faut nettoyer l’écurie des Augias, en neutralisant tous ces gestionnaires et ministres qui ont trempé dans la magouille. Félix Tshisekedi vient d’engager le premier pas. La machine est mise en marche.
Pour l’instant, les premières victimes s’appellent Lumeya, Mukoko et Manikunda. D’autres criminels économiques de l’Etat devraient certainement compléter la liste.
Jusqu’où ira Félix Tshisekedi ? En tout cas, la panique gagne du terrain.
Rédaction
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