Des inspecteurs des Finances ont été interpellés samedi dernier par les services du Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, François Beya. Pas un scoop de Forum des As, quand on sait que la plupart des médias à Kinshasa en ont fait leur chou gras. Chacun y est allé de son traitement. Ligne éditoriale oblige ! Au cœur de cette interpellation, se trouve l’affaire d’une bagatelle de 15 millions de dollars Us appartenant aux sociétés pétrolières.
De quoi alimenter l’électrochoc.
Dans la foulée, des Organisations non-gouvernementales bien identifiées, ont vite perçu derrière cette interpellation de responsables de l’Inspection générale des Finances (IGF), l’ombre du directeur de cabinet du Chef de l’Etat. Sans la moindre réserve d’usage, ces Ong accusent Vital Kamerhe de vouloir obstruer l’instruction des inspecteurs des Finances. L’enquête, apprend-on, portait non seulement sur les quinze millions de dollars dus aux sociétés pétrolières que le Dircab du Président de la République aurait réquisitionnés, mais aussi sur toutes les dépenses du Trésor public depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir au sommet de l’Etat.Des observateurs soupçonnent certaines Ong et acteurs de médias de mener une campagne de sape contre Vital Kamerhe et Fraçois Beya. Pour preuve, arguent-ils, ils admettent sans le moindre filtrage, les allégations des plénipotentiaires de l’IGF qui, selon des sources, auraient été pris en flagrant délit d’abus de leur pouvoir. En tout cas, on reproche à ces inspecteurs de Finances de vouloir intentionnellement étouffer la vérité.Selon des sources proches du dossier, la véracité des faits est qu’après les fouilles dans les comptes bancaires de Vital Kamerhe, le Bulletin de service des Inspecteurs de Finances devrait simplement indiquer Rien à signaler (RAS). Ce, ni dans l’affaire de paiement des pertes et manques à gagner des sociétés pétrolières, ni dans le dossier ayant trait à la décote de 15% y afférente. Sans doute, à part l’arrestation d’un cadre du ministère de l’Economie, un certain Célestin Twite Yamwembo, que ces Inspecteurs auraient brutalisé, dans l’espoir que ce dernier allait finir par citer les noms des personnalités qu’on enverrait à la géhenne. Peine perdue !
LA FACE CACHEE DE L’ICEBERG
A en croire certaines indiscrétions, le rapport de l’IGF souligne qu’au stade actuel de l’enquête, « Célestin Twite, conseiller financier au cabinet du ministre de l’Economie, reste comptable de la justification de USD 14.775.000 retirés au profit du Comité de suivi des prix des produits pétroliers ». Toujours dans cette affaire dans laquelle est cité le directeur de cabinet du Président de la république, on apprend que l’idée de la décote et du dépôt des fonds dans les comptes du Comité de suivi des prix des produits pétroliers a été l’initiative du gouvernement de la République et non du Cabinet du Chef de l’Etat.Se confiant à un confrère le week-end dernier, une source qualifiée de l’entourage du Conseiller spécial de Fatshi en matière de sécurité, a déclaré que la traque des inspecteurs des finances par le Conseil national de sécurité, a été plutôt liée à un dossier sensible, touchant directement à la sécurité du pays. » N’eût été l’intervention herculéenne du Conseiller spécial, personne ne saurait prédire ce que ces inspecteurs des finances, dans leur maladresse, auraient pu faire des renseignements contenus dans le précieux support « , explique la source.A la question de notre confrère de savoir ce qui s’était passé exactement, la même source réagit : « Profitant des instructions données de l’ANR dans un courrier daté du 17 août 2019, les inspecteurs des finances se sont rendus au cabinet du ministre d’Etat en charge du Budget. Alors que ce dernier était absent, ils ont brutalisé son directeur de cabinet et emporté le CD contenant des données sensibles de la République et d’autres rapports financiers confidentiels ». Et de poursuivre: « Ces inspecteurs des finances ont été interpellés et placés en garde à vue parce qu’ils résistaient aux ordres de restituer le CD pris dans le bureau du ministre d’Etat en charge du Budget, qu’ils ont gardé pendant des jours. Imaginez, par exemple, les données concernant le financement des opérations de l’Armée dans la rue! On présume qu’il y avait intention de manipuler ces données ».Intervenant sur RFI, l’inspecteur général des finances, Victor Batubenga, a déclaré avoir l’impression de mettre très mal à l’aise, certaines personnalités du pays, à la suite du contrôle initié dans les sorties des fonds du trèsor public, depuis l’avènement du nouveau chef de l’Etat. Il ne s’arrête pas là. Le numéro 1 de l’IGF a promis de se tourner vers le Président de la République dont dépend l’IGF pour une rencontre. Cependant, la question que se posent certains observateurs est celle de savoir si, pour rencontrer le Chef de l’Etat, l’inspecteur général des finances doit s’exprimer en tant que tel à travers les médias. Poser la question, c’est y répondre.
UN COUP FOURRE ?
De l’avis des observateurs, les révélations faites dans cette affaire sont loin d’être de simples faits collatéraux. Bien au contraire. Il s’agit des indices sérieux qui font froid dans le dos et poussent à réfléchir sur la gestion de pareils dossiers. Du côté de la Cité de l’Union africaine, on attend encore la moindre éclaircies sur les motivations profondes des inspecteurs de l’IGF. » Qu’est-ce qui justifie leur zèle spontané et suspect, quand on sait que l’IGF a sombré dans une sorte d’hypnose pendant des décennies, alors que le pays a ployé sous des scandales de surfacturation des projets et des projets extrabudgétaires entre 2012 et 2016 « , s’i interroge-t-on. Tout bien considéré, plus d’un observateur perçoit de mauvais œil, cette démarche de l’IGF qu’ils n’hésitent pas à assimiler à un plan de déstabilisation du tandem Fatshi-Kamerhe. »On veut créer un conflit entre le Président et son directeur de cabinet. Ce dernier est accusé sans preuves de préparer déjà 2023 pour son propre compte. Les auteurs de ce plan veulent pousser Fatshi à la faute, l’amener à se séparer de son Dircab, le plus capé de tous ses collaborateurs, le seul qui ait une expérience avérée de la gestion de la chose publique et sache comment empêcher certaines compromissions », postule un rompu de la scène politique RD-congolaise. Grevisse KABREL
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