D’ores et déjà, des observateurs estiment que le leader de l’Ecide doit rentabiliser l’effervescence actuelle en sa faveur, en tenant compte des évolutions internes et externes.Martin Fayulu. On peut ou ne pas l’aimer, il n’est plus moins que rien dans l’actuelle classe politique de la RD Congo. Bien au contraire. Cet homme sur qui personne ne pouvait parier avant la réunion des sept leaders de l’Opposition, en novembre 2018 à Genève, a fini par se faire un nom dans l’opinion tant nationale qu’internationale. Au front pour la » vérité des urnes « , après son échec à la présidentielle du 30 décembre dernier, Martin Fayulu draine des foules importantes à chacune de ses parutions en public. Le meeting de l’esplanade de la Poste, le 13 mai courant à Kisangani, en est une illustration parfaite.
Que ce soit le 15 février à Butembo ou le 28 avril Place sainte Thérèse à N’Djili/Kinshasa, des milliers de personnes s’étaient déplacées pour écouter Martin Fayulu. Preuve que ces Congolais continuent à croire au combat politique, sinon à l’idéologie de l’ex- plateforme électorale Lamuka, muée en regroupement politique, qu’incarne Martin Fayulu. Mais pour combien de temps ces Congolais resteront-ils fidèles au commandant en chef du combat pour la » vérité des urnes » ? Jusqu’où continueront-ils à le soutenir ? La n’est peut-être pas la question.Toutefois, des observateurs estiment que Martin Fayulu qui a bénéficié d’un heureux concours de circonstance, ferait mieux de saisir la balle au bond. Pour ces analystes, MAFA n’a pas d’autre alternative que de rentabiliser l’effervescence ambiante, l’engouement actuel autour de lui. Cette rentabilisation devrait donc se traduire par la formation d’une véritable base, plutôt que de se contenter d’une assise populaire composite, mosaïque qui, en tout moment, peut toujours traverser la ligne.
JOUER LE JEU INSTITUTIONNEL
D’aucuns soutiennent que Martin Fayulu doit sa notoriété actuelle, à l’absence de Jean-Pierre Bemba et de Moïse Katumbi, deux grandes figures de l’Opposition, disqualifiées dès les préliminaires du scrutin présidentiel du 30 décembre de l’année dernière. Cette thèse très répandue dans certains milieux politiques de la RD Congo, ne doit pas ou n’est simplement pas à exclure d’emblée. Il se trouve que ce soit ça, malheureusement ou heureusement – c’est selon- le fameux concours de circonstance dont parlent tant, des analystes intéressés à ce sujet.Peu importe donc ce que l’on pourrait dire de lui, l’honnêteté intellectuelle oblige à reconnaitre que Martin Fayulu a réussi à se taper une bonne notoriété aussi bien sur le plan national qu’international. Cela s’entend, il doit tirer les dividendes durables de l’envergure «de circonstance» qu’il a prise. C’est qu’en plus de se constituer une base, Martin Fayulu doit également jouer le jeu institutionnel. C’est ici que des observateurs l’invitent à considérer la réalité actuelle en face et réorienter son combat politique.Pour plusieurs raisons, nombreux sont des Congolais qui soutiennent de plus en plus que la bataille pour la » vérité des urnes » est, à ce jour, une cause déjà perdue. Dès lors que l’Eglise catholique locale qui le soutenait dans ce combat, avant et après la publication des résultats provisoires de la présidentielle n’en parle plus, aussi, à partir du moment où ses partenaires étrangers se sont finalement rendu à l’évidence qu’au stade actuel de la situation, il n’est plus possible de faire marche arrière, Martin Fayulu devrait tirer les conséquences qui s’imposent.Dans les jours à venir, deux leaders de l’opposition ont annoncé leur retour au pays. Il s’agit d’abord, de Moïse Katumbi, signalé pour ce lundi 20 mai et ensuite, de Jean-Pierre Bemba dont l’arrivée serait imminente selon ses proches. Naturellement, le retour au pays de ces deux opposants devra changer beaucoup de choses. Que Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba décident de rentrer au bercail, ce ne sera pas en tout cas pour continuer à prêcher pour la chapelle de Fayulu. Bien au contraire.Que les pays occidentaux aient reconnu la victoire de Félix Tshisekedi, que les USA, la Belgique et demain la France acceptent de redynamiser la coopération avec la RD Congo, on se demande ce qui pourrait encore rester du combat pour la vérité des urnes. Ces prises de position officielle de Bruxelles et de Washington, sont de hauts faits de l’évolution de la situation politique en RD Congo sur le plan externe. Et donc, Martin Fayulu devrait absolument en tenir compte. Sauf si l’objectif serait de mener un combat de prestige. Grevisse KABREL
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