Par Valéry Mukosasenge
La dernière sortie de Vital Kamerhe, évoquant une prétendue « offensive politique » pour écarter un « présidentiable gênant de l’Est », a le mérite d’avoir relancé le débat. Mais c’est un faux débat. La vraie question n’est pas de savoir si la République Démocratique du Congo est prête à élire un président originaire de l’Est. La vraie question est simple : Vital Kamerhe est-il prêt, et surtout digne, de diriger le Congo ?
L’art de se poser en victime
Se présenter en victime est une vieille stratégie politique. Elle permet d’esquiver le cœur du problème : le bilan. Or, pendant que l’Est du pays brûle, Kamerhe semble plus occupé à préparer sa candidature pour 2028 qu’à répondre à une question élémentaire : qu’a-t-il fait, concrètement, pour l’Est et pour la nation lorsqu’il détenait les leviers du pouvoir ?
Son unique geste récent fut un communiqué alarmiste sur l’avancée rebelle. Mais où était son plan lorsqu’il présidait l’Assemblée nationale ? Où était son leadership alors qu’il disposait d’un poste stratégique pour influencer la sécurité du pays ? Ce silence du passé contraste dangereusement avec son intérêt soudain, aujourd’hui, pour justifier une ambition présidentielle.
Un bilan qui interroge
Avant de rêver au Palais de la Nation, Kamerhe doit répondre à des questions claires sur son passage à l’Assemblée nationale :
A-t-il renforcé la démocratie, ou verrouillé le débat pour servir un cercle restreint ?
A-t-il incarné l’autorité morale, ou laissé prospérer clientélisme et antivaleurs ?
A-t-il exercé un contrôle rigoureux sur le gouvernement, ou distribué des « chèques en blanc » à un exécutif défaillant ?
A-t-il défendu le peuple, ou reproduit le système qu’il dénonce aujourd’hui ?
Ces réponses dessinent un verdict sévère : s’il a échoué avec le bâton de commandement de l’Assemblée, pourquoi lui confier les clés du pays tout entier ?
Le piège du recyclage
La tragédie congolaise est là : une classe politique obsédée par ses ambitions personnelles et incapable d’incarner de vraies valeurs républicaines. Kamerhe n’est pas une exception, il en est le symbole. Depuis des décennies, les mêmes figures recyclées se succèdent, maquillant leurs échecs derrière de nouveaux slogans.
Or, 2028 doit marquer une rupture, pas une continuité.
Rupture avec le tribalisme qui sert de paravent à l’absence de projet de société.
Rupture avec les promesses creuses qui s’évaporent après l’élection.
Rupture avec l’impunité institutionnalisée et l’enrichissement sans cause.
Le Congo n’a pas besoin d’un président « présentable »
La RDC n’a pas besoin d’un président « gênant » pour certains, ni d’un candidat « présentable » pour calmer les foules. Elle a besoin d’un patriote visionnaire, d’un leader cohérent et responsable, capable de restaurer l’unité du pays et la dignité de ses citoyens.
Sur la base de son bilan, Vital Kamerhe ne représente pas cette rupture. Il incarne, au mieux, une continuité déguisée. Et le Congo mérite infiniment mieux.
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