Groupe de presse La République

Crise à l’Est : Kinshasa et l’AFC-M23 s’affrontent autour de la réouverture humanitaire de l’aéroport de Goma

L’annonce du Président Félix Tshisekedi concernant la réouverture partielle de l’aéroport international de Goma avant la fin de l’année 2025 continue de susciter de vives réactions, dans un contexte sécuritaire toujours volatile dans l’est de la RDC. Alors que le gouvernement affirme que cette mesure vise exclusivement à permettre la reprise des vols humanitaires, le mouvement AFC-M23, qui contrôle la ville depuis plus d’un an, rejette catégoriquement l’initiative de Kinshasa.

Selon le compte-rendu du Conseil des ministres du 14 novembre, la réactivation de l’aéroport ne concernerait que les opérations humanitaires, afin de faciliter l’acheminement rapide de l’aide à des milliers de déplacés et de civils touchés par les combats au Nord-Kivu.

Sur le plan diplomatique, cette décision s’inscrit dans la droite ligne des recommandations émises à Paris lors de la Conférence internationale sur les Grands Lacs. Le président français Emmanuel Macron avait insisté sur l’importance de rétablir un couloir aérien humanitaire vers Goma, en précisant que les vols devraient se limiter aux opérations diurnes pour réduire les risques sécuritaires.

Cependant, dans une mise au point datée du 16 novembre 2025, l’AFC-M23 rejette fermement la mesure, qualifiant l’annonce du gouvernement de « décision illusoire » et « inacceptable ». Le mouvement estime que Kinshasa n’a ni la légitimité ni l’autorité pour envisager la réouverture d’une infrastructure située dans une zone qu’il ne contrôle plus. Selon lui, seule l’AFC-M23 est en droit de décider de la remise en service de l’aéroport, qu’il accuse le gouvernement d’avoir « abandonné, pillé et saboté » avant sa prise.

La déclaration met également en garde contre les mouvements militaires observés sur plusieurs lignes de front. Le groupe armé affirme suivre « avec vigilance » les déploiements des forces gouvernementales ainsi que le soutien logistique dont celles-ci bénéficieraient, selon sa version, de la part d’alliés de Kinshasa. Cette méfiance croissante pourrait compromettre davantage la mise en œuvre de la réouverture annoncée, alors que la sécurisation du site demeure un enjeu central.

Autre point relevé dans le document : le conflit diplomatique persistant entre Kinshasa et Kigali. L’AFC-M23 s’en démarque, estimant que ces tensions « ne concernent en rien » son organisation. Le mouvement impute à Kinshasa la responsabilité exclusive de ces litiges régionaux et l’invite à « régler ses différends sans y mêler » leur groupe.

Dans une région où des centaines de milliers de civils dépendent de l’aide humanitaire, la réouverture de l’aéroport de Goma est perçue comme une mesure essentielle pour améliorer l’accès aux secours. Toutefois, la réaction tranchée de l’AFC-M23 révèle une fois de plus la lutte d’influence et de légitimité autour de cette infrastructure stratégique.

communiqué du M23

Alors que Kinshasa cherche à réaffirmer son autorité sur l’ensemble du territoire national, le mouvement politico-militaire rappelle qu’il demeure le pouvoir de facto sur le terrain. Entre enjeux militaires, pressions diplomatiques et impératifs humanitaires, la concrétisation de cette réouverture partielle dépendra des évolutions sécuritaires des prochaines semaines.

Par Marasi Bénédicte Zoé | Groupe de Presse La République


En savoir plus sur Groupe de presse La République

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

En savoir plus sur Groupe de presse La République

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading