Depuis le 22 mars 2020, le Rwanda et l’Ouganda, même le Burundi, ont fermé leurs frontières avec la RDC pour diminuer le risque de propagation de la pandémie du COVID19. La RDC a également fermé ses frontières par réciprocité. Des perturbations sont enregistrées au niveau l’exercice du petit commerce transfrontalier.
Cette fermeture des frontières limite ainsi les mouvements des populations. Finies les traversées régulières des petits commerçants Congolais et Rwandais entre les villes de Goma (RDC) et de Gisenyi (RDC) à la frontière de la petite Barriere de Goma où le service de migration enregistre généralement entre 50 et 70 milles traversées par jour. Les produits vivriers de première nécessité manquent sur les marchés et augmentent des prix au grand désespoir des populations.
Les petits commerçants transfrontaliers ne travaillent plus et leurs revenus périclitent. La faim s’annonce. Seuls les transports des marchandises sont autorisés entre les villes. Le commerce transfrontalier constitue le seul recours de ces populations. La fermeture totale des frontières à cause des mesures de prévention de la maladie à COVID 19 est dramatique pour les ménages pauvres et risque d’affecter leur avenir sur le long terme.
Après une négociation, les migrations de ces pays trouvent une stratégie pour assurer la continuité du petit commerce transfrontalier. Vivement l’achat groupé des marchandises qui limite l’attroupement humain à la frontière. Cette disposition a amené les petits commerçants transfrontaliers à adopter la stratégie « des achats groupés » en collaboration avec les vendeurs de l’autre côté de la frontière. Le Projet de Facilitation du Commerce dans la Région des Grands Lacs (PFCGL) avait déjà mis en place cette stratégie depuis 2018 à travers un processus de structuration et de professionnalisation des Associations des petits commerçants transfrontaliers (ACT) lors de l’apparition du Virus Ebola.
L’Achat groupé des produits
Le système de groupage : Le principe des achats groupés consiste à effectuer une mise ensemble des marchandises de la même type (catégorie) à partir du Rwanda, de l’Ouganda ou de la RD Congo et de les faire traverser la frontière au moyen des transporteurs à l’aide des motos ou camionnettes. Cette approche limite la circulation des personnes au strict minimum c’est-à-dire seul le chauffeur convoie la marchandise et ramène l’argent au fournisseur. Elle rencontre ainsi les recommandations du gouvernement congolais à travers le comité local de facilitation du commerce transfrontalier (CLFCT) qui demande aux commerçants de travailler ensemble dans des associations ou coopératives. Au lieu que chacun traverse parfois quatre fois par jour pour s’approvisionner.
Cette approche vise à réduire les coûts de dédouanement de marchandises et le temps de franchissement. « Mais aussi elle permet que les commerçantes découvrent la force de travailler ensemble, de canaliser les recettes de l’Etat et de renforcer un climat de confiance entre les petits commerçants rwandais et congolais » souligne la Plateforme de l’Association des petits commerçants transfrontaliers (ACT).
Des freins à la continuité du groupage
Le système d’achat groupé n’ pas que des avantages. En effet, après une expérimentation de plus de deux mois, les ACT constatent que les prix ne baissent pas trop sur les marchés car d’autres frais se sont ajoutés. Le cout de location d’un véhicule de transport de deux cotés qui n’existait pas avant car chacun traversait et parfois portait sa marchandise sur le dos à défaut d’un tricycle, les tracasseries des agents de certains services aux frontières. D’autres services étatiques ont sorti des tiroirs des taxes en veilleuse pour les appliquer actuellement (Division de transport, Commission Nationale de prévention routière, la police des frontières). Les ACT aimeraient avoir leurs propres moyens de transport pour acheminer les marchandises vers les différents marchés d’écoulement.
Pour un membre de l’ACT, il sera difficile de continuer avec le système de groupage après la pandémie pour plusieurs raisons : les tracasseries ont augmenté (contrairement si chacun traverse) et les ACT de la RDC sont faibles financièrement et moins structurées. Les grands commerçants de deux cotés profitent cette faiblesse financière des ACT pour entrer dans le jeu et s’ériger en intermédiaires.
Le système de groupage exige également une grande confiance entre les petits commerçants de deux cotés car les commerçants congolais faute de capitaux prennent à crédit les produits des coopératives de Gisenyi et payant pares la vente. Les petits commerçants de Goma dénoncent également que leurs collègues de Gisenyi envoient des marchandises de mauvaise qualité. Ce qui cause une perte énorme. C’est ainsi qu’ils demandent au Gouvernement provincial de dialoguer avec le Rwanda pour autoriser l’entrée des commerçants congolais jusqu’au lieu d’approvisionnement pour faire le bon choix.
La Rédaction
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