Depuis plusieurs mois, une partie de l’Est de la République Démocratique du Congo vit sous la coupe du mouvement politico-militaire AFC-M23, soutenu par le Rwanda.
Ses chefs parlent de « libération ». Mais sur le terrain, la population découvre une tout autre réalité : une domination qui prend les allures d’un pillage organisé, méthodique et cynique.
Sous prétexte de “libérer le peuple”, les zones conquises sont désormais soumises à une économie parallèle, fondée sur les taxes arbitraires, la confiscation des biens civils et l’occupation illégale des maisons.
Une “libération” qui a tout d’une spoliation.
Une pluie de taxes pour un peuple sans revenus
Dans les territoires occupés, chaque geste du quotidien est taxé d’une manière ou d’une autre.
Les habitants doivent payer pour exister administrativement.
Même les motos-taxis, déjà étranglés par le prix du carburant, se voient imposer des “contributions de sécurité” quotidiennes sous peine de voir leurs engins confisqués.
À Goma, Rutshuru centre et Kiwanja, les témoignages abondent :
« Ils disent qu’ils nous protègent, mais ils nous taxent plus que le gouvernement », raconte un commerçant du marché de Buhumba.
Pendant ce temps, le taux de change reste autour de 2 000 à 2 500 FC le dollar, mais les prix continuent de grimper.
Le service d’assainissement, fixé à 2 dollars, se paie toujours à 6 000 FC malgré la baisse du taux de change.
Les familles, sans revenus et sans aide humanitaire, s’enfoncent dans une misère imposée par ceux-là mêmes qui prétendent les “libérer”.
Les écoles transformées en guichets fiscaux
L’éducation, censée être un refuge pour les enfants, est devenue un luxe.
Les parents doivent payer près de 29 500 FC pour leurs enfants en maternelle, 27 500 FC pour les autres classes, comme “frais spéciaux” exigés par les nouvelles autorités locales du M23.
Dans certaines écoles, on parle désormais de “frais de paix” ou de “soutien à l’administration”, des taxes inventées pour justifier la ponction.
« S’ils travaillaient vraiment pour la population, ils devraient alléger nos souffrances, pas les aggraver », s’indigne une mère de famille rencontrée à Goma.
Pillages et confiscations : la “libération” qui dépouille
Derrière la façade politique, la réalité est brutale : les pillages de véhicules civils se multiplient.
Camionnettes, motos, véhicules de transport, tout ce qui roule est convoité au nom de la “mobilisation populaire”.
Les habitants de Kibumba, Bunagana et Rumangabo rapportent des cas où des véhicules ont été réquisitionnés “pour le mouvement”, sans compensation.
« Ils ont pris notre voiture et promis de la rendre après la mission. Cela fait trois mois », témoigne un chauffeur de taxi.
Les maisons abandonnées par des familles en fuite sont occupées de force par des combattants ou transformées en bureaux administratifs improvisés.
Certains habitants, revenus après des semaines de déplacement, trouvent leurs biens saccagés, leurs récoltes pillées, leurs bêtes abattues.
C’est une occupation totale : militaire, économique et psychologique.
Le mot “libération” vidé de toute dignité
Dans les discours officiels du M23, on parle de “rétablir la justice” et de “protéger le peuple contre la corruption de Kinshasa”.
Mais sur le terrain, ce sont les mêmes pratiques de prédation, souvent pires.
Pendant que les leaders se réclament d’un idéal patriotique, leurs hommes rançonnent, extorquent et s’approprient les biens des civils.
Quand la “libération” devient synonyme de spoliation, le combat perd toute légitimité morale.
Ce n’est plus une lutte pour la dignité du peuple, mais une guerre pour le contrôle des richesses, menée sur le dos des plus pauvres.
L’Est du Congo n’a pas besoin de nouveaux seigneurs de guerre
L’Est du Congo n’a pas besoin d’un nouveau vocabulaire pour justifier sa souffrance.
Il n’a pas besoin de “libérateurs” autoproclamés, mais d’un État qui protège, d’une justice qui répare, et d’une communauté internationale qui cesse de détourner le regard.
Chaque maison occupée, chaque véhicule volé, chaque taxe imposée à un paysan sans terre est une insulte à la dignité du peuple congolais.
Et tant que les armes feront la loi à la place du droit, aucune paix durable ne sera possible.
Quand la libération devient du vol, c’est la nation tout entière qu’on dépossède de ses biens, de sa liberté et de son espoir.
Par la rédaction| La République
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