La récente décision du gouvernement congolais de suspendre les partis politiques ayant pris part au conclave de Nairobi autour de l’ancien président Joseph Kabila continue de susciter des réactions indignées au sein de la classe politique. Parmi les voix les plus critiques figure celle de Moïse Moni Della, co-fondateur de l’UDPS, vice-ministre honoraire de la Presse et président du CONADE.
Dans une déclaration transmise à La République, Moni Della estime que cette mesure « rappelle les pires heures du régime Kabila » et risque de ternir l’image démocratique du pouvoir actuel.
« C’est l’histoire d’un arroseur arrosé. Ce que Kabila faisait hier, Tshisekedi ne doit pas le reproduire aujourd’hui », déclare-t-il.
Une mesure “contre-productive”
Selon lui, la suspension ou la dissolution de ces partis est une erreur politique majeure, tant sur le plan intérieur qu’international.
« En suspendant ces partis, on leur offre une publicité gratuite. Cela crédibilise leur discours de victimisation et nourrit l’idée d’une dérive autoritaire en RDC », avertit-il.
Moïse Moni Della s’interroge :
« Ces formations politiques soutiennent-elles réellement le M23/AFC ? Pourquoi le Président tend la main au Rwanda et refuse-t-il de parler à ce mouvement rebelle que le Rwanda soutient ? »
“J’étais moi-même victime de la répression”
Revenant sur son propre passé sous le régime de Joseph Kabila, Moni Della rappelle avoir subi la même répression qu’il dénonce aujourd’hui.
« À l’époque, le RCD/N de Roger Lumbala, dont j’étais secrétaire général, fut suspendu parce que son président était accusé d’accointances avec le M23. J’étais traqué, jugé, avec une peine de mort suspendue sur ma tête », raconte-t-il.
Il évoque également les manifestations du 19 septembre 2016, au cours desquelles il dit avoir vu de ses propres yeux les atrocités commises par les forces de l’ordre.
« Sous les ordres du général Kumba Amisi Tango Fort, plusieurs personnes furent tuées à bout portant. Neuf militants de l’UDPS ont été calcinés dans leur siège à Limete », témoigne-t-il, saluant au passage le courage de Jacquemin Shabani, aujourd’hui vice-Premier ministre de l’Intérieur.
“Le combat pour la démocratie doit garder son sens”
Moni Della appelle le gouvernement et les anciens compagnons de lutte de l’UDPS à ne pas reproduire les excès du passé.
« Le ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, doit se rappeler qu’il fut lui-même au front de la démocratie. Il ne doit pas agir comme les ministres de Kabila qui violaient la Constitution », prévient-il.
Pour lui, le véritable enjeu est de préserver l’esprit du combat de l’UDPS :
« Si nous infligeons à Kabila et à ses partisans ce qu’ils nous ont fait subir, notre lutte perd tout son sens. »
Appel au “Camp de la Nation”
Notons que Moni Della exhorte les acteurs politiques à dépasser les divisions entre “camps de Nairobi” et “camps de Goma”, pour se rallier autour d’un “Camp de la Nation” celui de la paix, du dialogue et de la démocratie.
Valéry Mukosasenge
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