Face aux multiples défis sociaux, l’Agriculture, la Pêche et élevage, la Culture, la Recherche scientifique…devraient cesser d’être considérés comme des ministères de fond de table.Après la nomination lundi 15 février d’un nouveau Premier ministre en RD Congo, l’heure est aux conciliabules autour de la formation du futur Gouvernement de Jean-Michel Sama Lukonde. Un Exécutif voulu à format très réduit en vue de son efficacité. Le successeur de Sylvestre Ilunga Ilunkamba l’a même promis, dans sa déclaration à la presse, au sortir d’une audience de prise de contact avec le Président Félix Tshisekedi, le même lundi, quelques heures peu après l’annonce officielle de sa nomination à la Télévision nationale, renseigne forum des as.
Même si le nouveau Premier ministre n’avait rien dit de concret sur le nombre exact de ministères attendus, plus d’un observateur aurait voulu que le futur Exécutif soit la moitié de l’équipe sortante. Un Gouvernement jugé de par sa taille très éléphantesque, composé outre le Premier ministre, de 5 vice-Premiers ministres, 10 ministres d’Etat, 31 ministres, 3 ministres délégués et 17 vice-ministres. Soit, un total de 67 membres, avec un modique budget 2020 chiffré à 5,6 milliards de dollars américains, pour financer les 15 piliers du Programme gouvernemental, approuvé le 6 septembre par l’Assemblée nationale.Dans cette perspective de la réduction de la taille du futur Gouvernement Sama Lukonde, d’aucuns conseillent un agencement des ministères en fonction des vraies priorités du pays. Ici, l’exercice consiste en l’identification des problèmes majeurs du développement de la RD Congo qui se posent avec autant d’acuité.
Evidemment, dans un pays comme la RD Congo où tout est défi, il serait hasardeux pour le Premier ministre de prétendre tout résoudre, de peur de tomber dans le piège de la démagogie.Dès lors que la hiérarchisation des priorités et l’affectation des ressources constituent les moyens d’accroitre l’efficacité des institutions, le futur Exécutif congolais ne saurait donc aller outre mesure. En d’autres termes, ici comme ailleurs, le bon fonctionnement et l’efficacité des organisations exigent l’établissement d’une échelle de priorité et une affectation rationnelle des maigres ressources des institutions pour leur permettre de s’acquitter de leur mission et de donner le maximum d’impact à leur action.Partant, des analystes estiment que Jean-Michel Lukonde devrait, justement, se livrer à cet exercice en cette période creuse, où le nouvelle majorité parlementaire poursuit ses concertations autour du choix des candidats ministrables. Par établissement d’un ordre prioritaire, il faut sous-entendre un processus par lequel l’organisation, en l’espèce le Gouvernement, détermine les secteurs de la vie nationale qui doivent bénéficier de la prépondérance absolue en fonction des ressources dont il dispose.
LES INFRASTRUCTURES, L’AGRICULTURE, L’EDUCATION, LA PECHE ET ELEVAGE…LES VRAIES PRIORITES
Oui à un Gouvernement à format réduit. Mais pour quoi faire? Avec quels animateurs? Ces deux questions que certains pourraient qualifier de banales, valent pourtant leur pesant d’or. «Salus populi suprema lex» disaient les Romains. Autrement dit, «le salut du peuple est la loi suprême». Quand le Président Félix Tshisekedi reprend cette même formule dans son discours en novembre dernier, alors qu’il annonçait la rupture de la coalition FCC-CACH, ce ne devrait donc pas être un simple slogan.En rapport avec la situation actuelle du pays où plus de 80 millions de Congolais ont leurs yeux tournés vers le nouveau régime, de nombreux observateurs pensent qu’il faille changer de paradigme de la structure du Gouvernement. Dès lors qu’il n’y a point de développement sans infrastructures adéquates, on ne devrait plus tergiverser pour faire de ce ministère, l’un des plus importants. Il en est de même des ministères de l’Agriculture, de la Pêche et élevage, de l’Education, de le Recherche scientifique, de la Jeunesse, de la Culture.Faire de ces ministères, des ministères importants et non de fond de table, veut simplement dire qu’on doit leur accorder une part importante du budget.
Bien malheureusement. L’expérience du passé prouve tout le contraire. Généralement, l’appui budgétaire à ces ministères ne dépasse guère 2%. Pourtant, la Déclaration de Maputo engageait les Etats africains à consacrer 10% de leurs budgets à l’agriculture et développement rural. En RD Congo, les chiffres disponibles attestent plutôt que seul 0,5 du budget y est consacré, pour une population estimée à 80 millions d’habitants, dont environ 60 à 65 millions sont des ruraux. Tout le paradoxe semble donc être là.«Faire de l’agriculture, la priorité des priorités», telle est généralement la grande annonce que font les différents Gouvernements qui se sont succédé. Cependant, dans le concret, cette annonce se révèle une simple déclaration d’intention, au regard de la faible part du budget national qui y est réservée. Moralité, les Congolais consomment ce qu’ils ne produisent pas et produisent ce qu’ils ne consomment pas. La conséquence aussi, est le taux élevé d’exode rural. Dans un pays comme la RD Congo, où des routes de desserte agricoles n’existent plus depuis plusieurs décennies, des centaines de milliers de jeunes, principaux acteurs de la production agricole, finissent par abandonner leurs communautés pour une «immigration» interne vers les grandes villes du pays, espérant trouver mieux.
DONNER DU CONTENU A «LE PEUPLE D’ABORD»
Un peu moins de trois années séparent les Congolais de la fin constitutionnelle du quinquennat en cours du Président Félix Tshisekedi. Lui qui a placé son administration sous le signe d’une vision politique qui se résume en «Le peuple d’abord». Ce peuple est donc ces masses laborieuses en chômage chronique et perpétuel, qui attendent emploi. Ce peuple est aussi celui-là qui attend des réponses concrètes aux problèmes réels de sa santé, de l’éducation de ses enfants, de la réhabilitation, la construction des infrastructures…Face à cette montagne d’attentes, Jean-Michel Sama Lukonda ne devra donc pas se tromper des priorités. Et, c’est en fonction des secteurs privilégiés recensés, qu’il devra agencer son équipe. Cela signifie également que l’atteinte des objectifs est consubstantielle ou subordonnée à un bon casting. Sous-entendu, un bon choix d’animateurs ou de ministres. On devra donc placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, et éviter de faire du clientélisme politique, le principal critère de choix des candidats ministrables.
Redaction
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