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Nord-Kivu : Quand la Capoeira renforce le vivre ensemble de communautés à Lubero

Les membres du groupe Capoeira d’Alimbongo en répétition

La Capoeira, une approche culturelle d’origine brésilienne s’invite dans la cohésion sociale et le vivre ensemble des communautés du territoire de Lubero, nous sommes dans l’Est de la République Démocratique du Congo en province du Nord-Kivu. C’est grâce au projet Fabelu (Food assistance for Ebola affected and food insecure  populations of Lubero, Beni and Ituri) que cette approche est pilotée dans les zones de santé de Kayna et Alimbongo, au sud de ce territoire.

Ce projet de USAID Food for Peace est exécuté par l’Agence Adventiste d’Aide et de Développement (Adra) en partenariat avec l’Association pour le Développement Social et la Sauvegarde de l’Environnement, ADSSE. C’est l’Adsse qui s’occupe du volet social de ce projet à travers la Capoeira.

La Capoeira et la cohésion sociale

La province du Nord-Kivu est parmi les régions secouées par les conflits armés en Rdc. Le territoire de Lubero de cette province a été le théâtre des guerres qui ont occasionné le déplacement massif des populations, laissant place à la méfiance entre les communautés. Aujourd’hui, la situation  sécuritaire  s’améliore dans certaines entités de ce territoire où la Capoeira est pratiquée au côté des diverses formes culturelles et sportives locales. Elle ragaillardit les valeurs collectives positives.

« Nous avons traversé des moments difficiles de guerre. Nous étions obligés d’abandonner nos proches et rester longtemps dans la brousse. Nous sommes contents aujourd’hui car nous respirons un calumet de paix qui nous permet de rester ensemble. Nous remercions également Usaid pour ce projet Fabelu  qui nous aide beaucoup, d’abord l’assistance alimentaire par Adra qui nous accompagne également dans la réhabilitation de nos routes des dessertes agricoles et aussi la Capoeira qui nous aide à vivre ensemble. Nous sommes vraiment contents », témoigne Kambale Gédéon, membre du club Capoeira d’Alimbongo.

« La Capoeira n’est pas différente des danses traditionnelles Yira », laisse entendre Kahambu Sirimwasi, du club Capoeira d’Alimbongo. « Elle prêche l’unité et le vivre ensemble. Nous dansons en bougeant les épaules tout comme les chansons Yira que nous dansons dans la culture Nande [Une tradition locale : ndlr] », ajoute-t-elle.

Kahambu Simwerayi, une cinquantaine est mère de plus de 5 enfants. Elle a décidé de pratiquer la Capoeira au coté d’autres femmes de la zone de santé d’Alimbongo et Kayna.

« Quand nous sommes ensembles, on oubli les stress et d’autres maux qui rongent nos familles. Nous pensons la journée avec d’autres femmes en train de danser et rire, en tout cas, ça nous émerveille plus. Quand nous sommes ici, on pense à l’unité, la cohésion et le vivre ensemble. La Capoeira c’est une grande éducation car il était difficile de saluer même son voisin, mais aujourd’hui, nous cotoyons sans problème », renchérit Kabugho Nostalgie du groupe Capoeira de Kikuvo.   

A partir de ces témoignages, l’Association pour le Développement Social et la Sauvegarde de l’Environnement (Adsse) pense que l’objectif assigné dans le volet social du projet Fabelu est en phase d’être atteint.

« La Capoeira se pratique à travers une danse, des acrobaties, des applaudissements… En  territoire de Lubero, nous l’appliquons comme une approche communautaire pour atteindre la cohésion sociale. Ces activités (Capoeira : ndlr) ont une influence positive sur l’éducation, permettant aux bénéficiaires de développer une confiance en soi. Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui dans les zones de santé de Kayna et Alimbongo. Nous sommes de voir que la population s’approprie la Capoeira  », fait savoir Auguy Manza, coordonnateur du projet Fabelu et Chef de Bureau Adsse Butembo-Beni.

La Capoeira comme thérapie

« Mon bras droit était paralysé pendant plus de deux ans. Les gens savent qu’il ne peut pas bouger, mais je suis surpris que grâce à la Capoeira, il fait un peu de mouvements », témoigne Kibé Kambale, du groupe Capoeira de Kikubo dans la zone de santé de Kayna.

Kibé Kambale restait souvent chez lui. Un jour, il a décidé d’aller assister une répétition de la Capoeira. Cette curiosité l’a poussé à commencer à pratiquer certaines chorégraphies. A forcer tout le jour, il a été lui-même surpris de voir que son bras qui était paralysé commence à faire certains mouvements.

« Les gens n’ont pas cru que c’est à partir de la Capoeira que j’ai eu le remède. Je n’ai pas envi d’abandonner. Je demande seulement à USAID, ADRA, ADSSE de continuer avec le projet Fabelu et surtout la Capoeira », s’est-il expliqué.  

« J’étais victime de la stigmatisation à cause de mon infirmité », explique Katungu, une quarantaine d’âge environ, membre du groupe Capoeira d’Alimbongo. Elle est amputée de ses deux pieds depuis plusieurs années.

« Je croyais qu’on ne pouvait pas me prendre dans le groupe Capoeira.  Je suis venue et au début je regardais les gens en train de danser et ça me faisait du bien. Là, j’apprends à battre le tambour et d’autres instruments pour que j’aide le groupe à avancer.  Ça me fait du bien car dans notre société, on croit qu’un handicapé ne peut rien faire. Je trouve ma place ici. Je suis guéri psychologiquement et je me sens considéré », rapporte Katungu en souriant.

La Capoeira et l’entraide sociale  

Ils sont aujourd’hui plus de 10 000 bénéficiaires de la Capoeira dans les zones de santé de Kayna et Alimbongo, selon l’Association pour le Développement Social et la Sauvegarde de l’Environnement, Adsse. Pour pérenniser cette approche, ses membres se constituent en association, club et mutualité.

« Nous avons compris que le projet Fabelu tant à sa fin. Adra er Adsse vont partir. Nous ne pouvons pas sacrifier ce temps juste pour le projet. Nous avons déjà conçu une mutualité Capoeira ici à Alimbongo. Nos amis de Kayna ont également créé un club Adsse Capoeira. L’objectif et de poursuivre les activités de la Capoeira », fait savoir Muhindo David, encadreur du groupe Capoeira Alimbongo.

« Nous n’allons pas seulement nous limiter par les activités de la Capoeira », explique God Rwakana, encadreur du groupe Capoeira de Kikuvo. Selon lui, les membres vont apprendre également les notions sur l’entreprenariat.

« Nous allons commencer par des activités génératrices des revenus. C’est au tour de ces activités que nous allons chaque fois nous réunir. Mais aussi les actions d’entraide entre les membres du groupe et de la communauté. Nous tenons à remercier Usaid, Adra, Adsse pour ce projet Fabelu qui vient de nous apprendre le vivre ensemble », martèle-t-il.

L’Association pour le Développement Social et la Sauvegarde de l’Environnement, Adsse a promis à son tour accompagner techniquement et pédagogiquement les mutualités et clubs qui pérennisent l’approche Capoeira. Mais pour l’instant, elle essaie d’implémenter l’approche dans la zone de santé de Kalunguta à Beni, une zone qui est secouée par l’insécurité grandissante, la maladie à virus Ebola a également touché cette partie  et maintenant  la Covid-19. L’Adsse compte mener grâce au projet Fabelu, financé par Usaid Food for Peace, des activités de résiliences à travers la Capoeira.

Asaph LITIMIRE


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