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RDC: Café-cacao, le pays est victime de sa propre négligence selon un technicien de la filière

Contrairement au discours défensif et pédagogiquement riche du ministre national du commerce extérieur Julien Paluku lors de son point de presse du 30 décembre à Kinshasa, les techniciens et praticiens du domaine pensent que c’est depuis 2022 que le pays devrait prendre des mesures préventives pour échapper à la sanction de l’union européenne .

Le ministre venait d’annoncer le report de l’entrée en vigueur de cette mesure, initialement prévue pour début 2025, désormais repoussée à fin octobre 2025, selon les derniers développements.

Certains analystes spécialistes du domaine estiment que même avec ce report si rien ne fait la RDC sera encore une fois sanctionné en 2025.
« La RDC est victime de sa lenteur dans l’organisation du secteur agricole. La nouvelle loi de l’Union européenne avait été annoncée depuis 2022 et d’autres pays africains qui vendent du café à l’Union Européenne ont directement déclenché le processus d’adaptation de leurs pratiques agricoles à la politique (zéro déforestation) de l’Union Européenne. Ces pays ne se sont pas retrouvés sur la même liste que la RDC. », nuance Éric Kanane, ingénieur agronome, spécialiste en économie agricole.

Gouverner c’est prévoir dit-on, et c’est depuis 2022 que la RDC est au courant de l’existence de cette nouvelle loi dite : « Zéro déforestation » de l’Union Européenne mais rien de concret n’a été fait jusqu’à présent.

Que vise cette proposition de l’Union européenne ?
Cette proposition de l’union européenne qui vise à réglementer l’importation d’une vingtaine des produits agricoles se nomme « Zéro déforestation. » Cette nouvelle loi a comme objectif principal la maîtrise de la chaîne d’approvisionnement qui respecte les mesures de la déforestation sur le terrain en Afrique.

Que devrait faire le gouvernement ?
Selon l’ingénieur Kanane, la RDC devrait commencer par appuyer financièrement ses organes techniques dans le processus de l’identification des producteurs agricoles. Ces organes sont notamment : L’Office National des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC) et l’ Agence nationale de promotion des exportations (ANAPEX). Ces entreprises de l’État qui sont au bord de la faillite, dit-il.

Les conséquences que cette mesure causerait sur le marché local café /cacao

Nous sommes allés au bas de l’échelle de la chaîne d’approvisionnement pour retrouver Prospère Bahati qui pratique la culture du café depuis une dizaine d’années.
Il est au courant de l’existence d’une nouvelle loi sur la déforestation grâce aux informations que lui confèrent les membres de la coopérative agricole qui lui achètent son café. Bahati n’en connaît malheureusement pas les tenants et les aboutissants. Après mes explications, Bahati pense que le non achat du café du Kivu pourrait freiner l’entrée des devises et impacter négativement sur la stabilisation de l’économie locale et nationale.

Recommandations de l’Ir Éric au gouvernement Congolais

Le gouvernement devrait commencer par mener un diagnostic interne avant de prendre langue avec l’UE. Cette étape devrait chuter par le processus d’identification des producteurs agricoles par l’ONAPAC et le l’ANAPEX.
« La deuxième étape, selon moi, serait de confectionner une cartographie des espaces agricoles et forestiers en précisant aussi les acteurs qui y exercent les cultures du café et du cacao afin d’avoir un argumentaire clair devant les enquêteurs de l’union européenne. »

Cette proposition rejoint l’idée de la ministre nationale de l’environnement, relayée par Julien Paluku concernant la confusion entre les terres arables et les espaces forestiers en RDC.
« La RDC a 80 millions des terres arables (cultivables) et 155,5 hectares de forêts. Le taux de déforestation de la RDC est de 0,03 % donc il faut 100 ans à la RDC pour atteindre 3 % de déforestation. », a éclairci le ministre dans son point de presse.

La troisième et dernière étape consisterait à industrialiser nos deux produits afin d’avoir une valeur ajoutée sur l’échiquier mondial. L’Ir Kanane Éric dit avoir bien apprécié les bonnes intentions du gouvernement Congolais transmises par le ministre Julien Paluku mais qui devraient être mises en œuvre avant les menaces des sanctions de l’Union Européenne.

Thierry KAYANDI


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