L’existence des personnes doublement élues dans une même circonscription ou dans deux circonscriptions différentes prouvent une faible éducation électorale dans les chefs des électeurs. C’est une analyse du professeur Kahindo Muhesi Augustin, politologue et enseignant à l’Université de Goma. Nous l’avons approché au lendemain de la proclamation des résultats provisoires des législatives provinciales par la CENI ce lundi 22 janvier 2024. Pour lui, cette pratique ne profite qu’aux politiciens et non à la communauté.
L’enseignant a tout d’abord indiqué que le fait qu’il y ait des personnes doublement élus est une volonté de la majorité au pouvoir qui vote la loi électorale. « Pour les politiciens, il s’agit d’une occasion de prouver leur popularité et ainsi offrir à leurs formations plus des sièges », dit-il. Mais une mise en épreuve des électeurs, victimes d’une faible éducation électorale. « Cela prouve qu’il n’y a pas une bonne communication parfois entre les électeurs ; mais également cela est lié à la faible connaissance de l’univers politique. Sinon la population aurait pu décider soit de sanctionner ce genre des personnes ou encore de trouver un compromis pour qu’elles soient votées massivement dans une circonscription et qu’elles ne le soient pas dans une autres », déclare le professeur Muhesi.
Et les conséquences sont telles que la communauté se retrouve représentée par des personnes dont elle ne connaît pas les capacités car ses vrais élus n’étant pas capables de siéger dans deux postes. « C’est qu’une seule personne ne peut pas occuper deux sièges à la fois. Donc logiquement à travers un siège, on aura voté pour son suppléant que l’on ne connaît pas forcément et qui n’a pas les mêmes atouts que la personne élue. C’est une dispersion de l’électorat en ce sens qu’ on concentre les efforts sur une même personne qui ne sera pas du tout disponible alors qu’il ya d’autres qui auraient pu bien représenter la circonscription », regrette l’interlocuteur. Professeur Muhesi Augustin souhaite qu’on mette fin à la possibilité pour les candidats de se présenter à deux niveaux lors de la révision de la prochaine loi électorale.
Rappelons que parmi les 8 nouveaux parlementaires de la ville de Butembo, trois l’ont été doublement. Il s’agit de Katasohire et Mbusa Nyamwisi élus députés nationaux en ville et députés provinciaux respectivement en territoires de Beni et Lubero. Le troisième est Saidi Balikwisha retenu aux législatives nationales en territoire de Beni et aux législatives provinciales en ville de Butembo.
Stanley Muhindo
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