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Beni : des malades mentaux, victimes silencieuses de la stigmatisation (Nord-Kivu)

Beni : des malades mentaux, victimes silencieuses de la stigmatisation

Des personnes qui présentent des troubles mentaux sont de plus en plus la cible de stigmatisation dans la région de Beni. Les préjugés entourent généralement ces vulnérables, souvent à tort, les qualifiant de brutaux. Un jugement nocif qui alimente la peur, créant ainsi de barrière entre ces malades et les habitants locaux.

Il suffit de se retrouver devant un malade mental pour s’en fuir, au motif qu’il est dangereux. Cette attitude est injustifiée, du fait que le constat sur terrain, démontre que tous les malades mentaux ne sont pas agressifs, mais certains parmi eux évidemment.

En mai dernier, un parent était arrivé à publier un communiqué à l’intention du public, afin que sa fille, vivant avec trouble mental, qui était déjà portée disparue, ne puisse pas être victime d’une justice populaire.

« Notre fille souffre de la Schizophrénie. Pendant ses crises, elle ne sait pas retourner à la maison. Les personnes de bonne volonté qui auront à l’apercevoir dans la rue, sont priées de nous la ramener », sollicite-t-il.

Pour lui, la malade ne présente aucun danger pour la société, elle a juste besoin de la bienveillance de la part de son entourage.


Droit à une prise en charge médicale

Pour ce faire, Eugène Vomba, psychologue clinicien de l’hôpital général de référence de Beni, insiste sur le fait que « les troubles mentaux de par leur nature, entraînent des mauvais comportements sur le plan relationnel, émotionnel bien sûr (…) Mais, tout dépend du niveau du trouble : un moment, le malade peut avoir le langage détourné, s’isoler ou avoir de l’incompréhension, surtout lorsqu’il est frustré. Il peut également parler seule, avoir des hallucinations.
»

A ce stade, ajoute-t-il, les malades ont le droit à une prise en charge médicale, sinon, certains parmi eux pourraient commencer à agir bizarrement, voire s’attaquer à leurs proches dans cette inconscience.

Evitez de les vexer


Dans certains quartiers, les malades mentaux sont victimes de la stigmatisation et de l’injustice sociale. Ils sont parfois considérés d’une part, comme des personnes maléfiques, hantées par les démons, et d’autre part, comme des espions des ennemis de la paix, dont l’ADF ou les éléments du M23.

« Notre grand-père à été tué par lapidation dans la commune Mulekera, uniquement parce qu’il ne pouvait pas répondre aux questions des jeunes sur ses identités. Il a été traité d’ADF à tort, alors qu’il avait presque 90 ans, avec un problème mental, qui lui rendait amnésique tout le temps», dit tristement un jeune du quartier Tamende.

Pour conclure, Eugène Vomba, des gens doivent arrêter de construire des mythes autour des malades mentaux. Cette façon d’agir a des conséquences néfastes sur la vie de ces victimes : « Pour les aider, il est impérieux de les accompagner dans leur lutte pour la guérison, les comprendre et agir envers eux, de façon à ne pas les vexer ».

Esperance Mahamba


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