Arsenal a annoncé la fin de son partenariat avec « Visit Rwanda » après huit ans de visibilité sur ses maillots. Si le club londonien et Kigali évoquent officiellement une décision prise « d’un commun accord », plusieurs sources internes affirment que cette rupture intervient dans un contexte de fortes pressions diplomatiques du gouvernement congolais, qui accuse le Rwanda de financer la rébellion de l’AFC-M23 grâce à ses revenus extérieurs. Des accusations que le Rwanda a toujours rejetées avec vigueur.
Pour Kigali, cette séparation s’inscrit dans une stratégie de repositionnement international. Le Rwanda Development Board assure vouloir conquérir de nouveaux marchés, notamment américains avec un partenariat signé avec les Los Angeles Clippers, ou hispanophones grâce à un accord conclu avec l’Atlético Madrid. La porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, estime que « tous les objectifs du partenariat ont été atteints », citant une hausse de 50 % des revenus touristiques en 2024. Arsenal, prudent, s’est contenté de remercier le Rwanda pour son « engagement », évitant de commenter les critiques politiques que ce sponsoring a provoquées.

Cette affaire dépasse largement l’Emirates Stadium. L’arrivée du logo « Visit Rwanda » en Europe a alimenté de vifs débats. Au Bayern Munich, la mobilisation des supporters a contraint la direction à revoir les termes de son contrat avec Kigali. À Paris, une pétition contre la présence du sponsor rwandais sur certains maillots du PSG a dépassé les 75 000 signatures, sans empêcher le club de prolonger l’accord jusqu’en 2028. À chaque fois, la même question : faut-il laisser entrer la géopolitique dans l’économie du football ?
Ironie du contexte, la RDC, l’un des détracteurs les plus virulents du « soft power » rwandais, a adopté la même stratégie de marketing sportif. Kinshasa a conclu des partenariats avec le FC Barcelone, l’AC Milan et l’AS Monaco, pour un montant estimé à plus de 90 millions d’euros. Sous le slogan « RD Congo, Cœur de l’Afrique », ces accords visent à attirer les investisseurs et à renforcer la formation des jeunes footballeurs congolais. Une ambition saluée par certains, mais questionnée par d’autres au regard des défis internes persistants en matière d’infrastructures et de services publics.
Par Thierry KAYANDI | Groupe de Presse La République
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