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Aéroport de Goma : la France relance le débat, le Rwanda et le M23 ripostent

L’annonce du président français Emmanuel Macron, faite lors de la Conférence de Paris sur la région des Grands Lacs, promettant un financement de 1,5 milliard de dollars et la réouverture de l’aéroport de Goma aux vols humanitaires légers, a suscité de vives réactions au sein du mouvement rebelle AFC/M23 et du gouvernement rwandais.

Au cours de cette rencontre internationale, le président français a affirmé vouloir soutenir les efforts humanitaires dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), durement éprouvés par les violences armées et les déplacements massifs de civils. Il a également plaidé pour la mise en place d’un « accès humanitaire sécurisé » à la région de Goma, considérée comme un point stratégique pour l’acheminement de l’aide.

Réaction du Rwanda : “Une décision qui ne peut être unilatérale”

Le ministre rwandais des Affaires étrangères a réagi rapidement à cette déclaration, estimant que la réouverture de l’aéroport de Goma ne saurait être décidée de manière unilatérale, tant que cette infrastructure demeure sous le contrôle du mouvement AFC/M23.

Selon Kigali, toute décision relative à cet aéroport qualifié de site hautement stratégique doit s’inscrire dans le cadre des négociations de Doha, menées sous la médiation du Qatar, avec l’appui des États-Unis et de l’Union africaine.

Le diplomate rwandais a par ailleurs accusé le gouvernement de Kinshasa de poursuivre des bombardements sur des localités banyamulenge, affirmant que ces opérations sapent le climat de confiance nécessaire à la poursuite du processus de paix.

L’AFC/M23 dénonce “une initiative inopportune et malvenue”

Dans un communiqué officiel daté du 30 octobre 2025, signé par Lawrence Kanyuka, chef du département de la communication du mouvement, l’AFC/M23 a qualifié d’inopportune l’annonce du président français.

Le mouvement soutient que toute initiative concernant l’aéroport de Goma devrait être abordée dans le cadre du processus de Doha et non à travers des initiatives parallèles.

« La situation actuelle sur le terrain est marquée par des attaques répétées de drones du régime de Kinshasa contre des cibles civiles, y compris la destruction d’avions humanitaires », précise le communiqué.

Le M23 reproche en outre à la communauté internationale de « récompenser un régime qui viole le cessez-le-feu » et de prolonger les souffrances des populations civiles en privilégiant la voie militaire au détriment du dialogue politique.

Tout en affirmant que la région de Goma ne fait plus face à une urgence humanitaire majeure, le mouvement rebelle accuse certains acteurs humanitaires de « manipuler la situation pour des intérêts financiers », exhortant la France à « ne pas céder aux lobbies humanitaires ».

Un nouvel épisode dans les tensions diplomatiques régionales

Ces réactions illustrent une nouvelle fracture diplomatique autour du dossier congolais, à un moment où les pourparlers de Doha peinent à produire des résultats tangibles.

Dans sa conclusion, l’AFC/M23 réaffirme son engagement à protéger les populations civiles et appelle la France à adopter une position équilibrée, évitant « tout geste susceptible de raviver les blessures historiques des peuples des Grands Lacs ».

Marasi Bénédicte Zoé


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