Depuis plus de dix ans, le Nord-Kivu vit au rythme macabre des massacres. Les ADF, affiliés à l’État islamique, tuent, brûlent, pillent. Rien n’échappe à leur cruauté : ni villages, ni commerces, ni convois. Cette région, autrefois promesse de dynamisme économique, s’étiole sous la peur. Butembo, qui aurait pu devenir un poumon commercial de la RDC, se transforme en champ de ruines.
Douze ans de guerre, et toujours la même question : comment un pays de 100 millions d’habitants, doté d’une armée, de services de renseignement et d’alliés régionaux, n’arrive-t-il pas à neutraliser un seul groupe terroriste ?
Soyons clairs : ce qui manque, ce n’est pas seulement des armes ou des effectifs. C’est une structure spécialisée, conçue pour la lutte anti-terroriste. Un service installé à Beni, capable de traquer l’ennemi en temps réel, d’utiliser drones et technologies modernes, d’anticiper plutôt que de subir. Ce service doit associer des jeunes du terroir, des militaires formés à l’étranger et des partenaires internationaux aguerris.
Il est temps de comprendre que les ADF ne sont pas une simple rébellion locale. Leur logique est celle du terrorisme global. Or, face à cette menace, les réponses congolaises restent dérisoires : opérations ponctuelles, autodéfenses improvisées, interventions dispersées. C’est l’échec assuré.
L’histoire offre une leçon. Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis ont immédiatement repensé leur arsenal sécuritaire. La RDC n’a plus le luxe d’attendre. Chaque jour d’inaction, ce sont des vies fauchées, des villages rayés de la carte, un peuple qui perd espoir.
Beni n’a pas besoin de discours, mais d’un service anti-terroriste digne de ce nom. Refuser de l’admettre, c’est accepter que l’État continue de céder du terrain au terrorisme. Et ce serait une faillite nationale.
Valéry Mukosasenge
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